Dans un rapport publié le mercredi 9 avril à New York, le Bureau conjoint des Nations unies aux Droits de l’homme (BCNUDH) récense 3 600 victimes des violences sexuelles en RDC entre janvier 2010 à décembre 2013. Le document indique que, si certains progrès ont été réalisés dans la lutte contre l’impunité pour les violences sexuelles, beaucoup reste à faire pour que les auteurs de ces violences rendent des comptes.
Le rapport rapporte que des groupes armés ont été responsables d’un peu plus de la moitié des viols enregistrés pendant la période examinée. Les militaires des forces armées congolaises, les FARDC, ont été, quant à eux, responsables d’environ un tiers des viols. Le reste des cas a été commis par d’autres agents de l’Etat.
Au total, mentionne le document, 187 condamnations ont été prononcées par des juridictions militaires entre juillet 2011 et décembre 2013 pour des cas de violences sexuelles, avec des peines comprises entre 10 mois et 20 ans d’emprisonnement. Le BCNUDH salue ces progrès, bien que limités.
Le Bureau des droits de l’homme fait cependant état de nombreux obstacles qui entravent l’accès à la justice des victimes de violences sexuelles dans le pays. D’autres victimes ne peuvent pas payer les frais relatifs aux procédures judiciaires.
« Malgré une augmentation du nombre de poursuites contre des agents de l’Etat accusés de violences sexuelles ces dernières années, il reste un long chemin à parcourir dans la lutte contre l’impunité pour les violences sexuelles commises en RDC », a déclaré la Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, lors d’une conférence de presse pour présenter ce rapport.
Le BCNUDH fait remarquer qu’un grand nombre de victimes ne dénoncent pas les violences sexuelles par peur de stigmatisation ou de représailles.
Malgré l’engagement ferme de hauts responsables congolais, note cette organisation, il reste encore de nombreux obstacles entravant l’accès à la justice des victimes de violences sexuelles. Les efforts limités de certaines autorités congolaises pour poursuivre en justice les cas de violences sexuelles, les cas de corruption au sein du système judiciaire et le manque de ressources et de capacités des autorités judiciaires contribuent à l’impunité pour les auteurs de violences sexuelles.
Autres entraves: les poursuites visent rarement des officiers supérieurs de l’armée, suspectés de violences sexuelles. Pour preuve, sur 136 soldats des FARDC condamnés durant la période examinée, seuls trois sont des officiers supérieurs.
En outre, les membres des groupes armés – qui recourent au viol comme arme de guerre – échappent presque systématiquement à la justice.
Lire aussi sur radiookapi.net:
- Katanga: 350 cas de violences sexuelles répertoriées dans le « Triangle de la mort »
- RDC : la FIDH réclame justice pour les victimes des crimes sexuels
- Sud-Kivu : les femmes saluent la décision de Joseph Kabila contre les violences sexuelles
- RDC : au moins 40 cas de violences sexuelles enregistrées chaque jour