King Kester Emeneya est mort

Le chanteur King Kester Emeneya, de son vrai nom Jean Emeneya Mubiala Kwamambu, est décédé jeudi 13 février 2014 à 5h30 à l’hôpital Marie Lannelongue en région parisienne à l’âge de 57 ans.

Le patron du groupe musical Victoria Eleison était admis depuis novembre dernier à l’hôpital Marie Lannelongue pour des problèmes de cœur. Kester Emeneya avait été secoué par la nouvelle de la disparition de Tabu Ley, le chanteur romantique par excellence de la RDC qui était aussi son modèle.

“King Kester a été retenu à l’hôpital par le staff médical depuis la disparition de Tabu Ley [le 30 novembre 2013]. King Kester n’allait pas bien, il avait reçu un choc en apprenant cette nouvelle qui l’avait perturbé. Nous étions ensuite nourris d’espoir de le voir récupérer sa santé mais il y a cette dégradation et aujourd’hui c’est confirmé. Kester n’est plus”, témoigne Rouf Mbutanganga, journaliste et ami de Kester Emeneya.

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Natif de Kikwit dans la province du Bandundu (ouest de la RDC), Jean Emeneya intègre à l’âge de 17 ans le groupe Les Anges Noirs. Il partage cette expérience notamment avec Lidjo Kwempa qu’il recroisera plus tard dans sa carrière professionnelle.

Ses études supérieures à l’Université de Lubumbashi n’auront pas raison de son talent. Et de sa passion pour la musique. En 1977, à 21 ans, il décide enfin de faire de la musique sa profession. Recruté au sein de Viva La Musica de Papa Wemba, il se révèle un vrai leader doté de bonnes capacités de gestion de ressources humaines au-delà de son talent de chanteur de charme. C’est lui qui permet à Viva La Musica de ne pas disparaître malgré les absences prolongées de Papa Wemba son patron.

En 1982, Victoria Eleison, son groupe voit le jour. Ses compositions qui traverseront des générations entières font alors le bonheur des millions des mélomanes zaïrois de l’époque. Aujourd’hui on écoute encore avec délectation Afimiko, Dikando, Ndako ya Ndele…De la musique d’anthologie comme aimait à le dire si bien Emeneya qui savait ponctuer chacune de ses sorties médiatiques de ces dernières années d’une bonne dose d’humour.

Le début des années 90 constitue un tournant dans la carrière de ce géant. Perfectionniste, il affine ses sonorités, améliore la programmation musicale, diversifie l’instrumentation. Sa chanson « Nzinzi », est le chef d’œuvre parfait qui illustre ce changement de cap vers la musique électronique. Le succès est sans appel.

Avec Everybody, son album sorti en 94 Emeneya dit vouloir entrer de plein pied dans la World Music. Mais il reviendra quelques années plus tard aux sonorités typiquement congolaises.

Créateur des styles musicaux, Emeneya crée aussi des danses. Les amateurs de sa bonne musique se souviendront longtemps de « Tshaku Libondance ». Légèrement en retard par rapport à ses concurrents locaux qui se produisent dans les salles de spectacles mythiques de France, il se rattrape début 2000. Il récolte un franc-succès en 2001 au Zénith de Paris et en 2002 au théâtre de l’Olympia.
Emeneya s’en est allé. Mais sa rumba lui survivra. Toujours.