L’opposant Vital Kamerhe a été délogé vendredi 7 février d’une résidence officielle de l’Etat qu’il occupait depuis 2004, année où il assumait les fonctions de ministre de l’information. Jusque ce matin, le président de l’Union pour la nation congolaise (UNC) continuait à évacuer ses biens de cette maison sise rue Mweneditu à Kinshasa. L’opposant actuellement trainé en justice par une députée de la majorité crie à l’acharnement. Le porte-parole du gouvernement affirme pour sa part qu’un préavis a été adressé à M. Kamerhe en bonne et due forme.
« Je n’ai pas dormi cette nuit et on m’a dit que je dois terminer le déménagement à 7 heures du matin. J’ai posé la question mais qu’est-ce qu’on fait de la loi, parce que même un locataire de la cité, on lui donne un préavis. J’ai demandé un jour un préavis et ils ont refusé », affirme l’opposant Vital Kamerhe.
Il déclare en outre louer cette maison depuis qu’il avait cessé d’être ministre de l’Information.
« Cette maison je la loue en tant que Vital Kamerhe. Je paye régulièrement le loyer et j’ai un contrat de bail en mon nom. Aujourd’hui, c’est la seule maison de l’Etat qui reste encore sur cette avenue, toutes les autres maisons ont été vendues au maximum 12 000 dollars. Et moi-même à l’époque on m’avait proposé de la prendre, il y avait même un arrêté qui me l’avait été attribué. J’y avais renoncé parce que nous devons prêcher par l’exemple », a joute-t-il.
Le président de l’UNC place cette affaire dans un contexte d’acharnement qui viserait sa personne :
« Il y a beaucoup d’histoires qui sont évidemment cachées. Et j’ai compris que c’est un acharnement qui a commencé d’abord avec l’histoire de la DGM, ensuite le ministre des Médias qui m’a consacré une conférence de presse pour me traiter de tous les maux, et il y a aussi eu le procès avec Mme Wivine Moleka où le ministère public demandait qu’on me condamne de 3 ans ferme avec effet immédiat », a-t-il indiqué.
Ancien secrétaire général du PPRD, le parti présidentiel, et ex-président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe a été contraint à la démission en 2009 après avoir critiqué les opérations militaires menées conjointement par les Forces armées rwandaises et congolaises contre les FDLR au Nord-Kivu. Depuis 2010, il est à la tête de l’UNC un parti d’opposition.
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« Récupérer la maison de l’Etat, voilà tout »
En réaction, le ministre des Médias, Lambert Mende, affirme que tout ce que Vital Kamerhe dit « est totalement faux ».
« Cette maison est une maison de fonction. C’est-à-dire, une résidence attachée au ministère de la Communication et des Médias de l’époque, aujourd’hui ministère des Médias, Relations avec le Parlement et Initiation à la nouvelle citoyenneté », souligne-t-il, avant de préciser :
« Nous voulons récupérer la maison de l’Etat, voilà tout ».
Lambert Mende dit ne pas comprendre par quelle « alchimie il [Vital Kamerhe] soit devenu locataire » de la maison de l’Etat.
« On ne peut pas imaginer que M. Kamerhe ait reçu cette maison lors de la remise-reprise qu’il avait effectuée avec l’ancien ministre, M. Kikaya, et que je ne sais par quelle alchimie. Le Procès verbal de remise-reprise peut vous être remis à tout moment », ajoute le ministre des Médias.
Pour Mende, si le président de l’UNC prétend être un locataire, « c’est par un artifice tout à fait illégal qui a été anéanti par le ministère de l’Urbanisme ».
Lambert Mende précise que le ministre de l’Urbanisme, qui gère les biens du domaine de l’Etat, lui avait demandé de libérer « avec dignité » cette maison en 2010.
« Le 12 décembre 2010, le ministre de l’Urbanisme de l’époque, le député César Lubamba, a écrit à M. Kamerhe pour lui dire qu’il mettait fin à ce contrat de bail parce que le bien devrait rentrer dans la réserve de ce qu’on appelle les résidences de fonction de l’Etat. Lorsque le ministère voulait déjà renter dans le droit de son bien immobilier, on lui a dit [à Kamerhe] que celui qui a signé avec lui le contrat jusqu’à la fin 2010 l’a fait illégalement mais qu’on le laissait quand même jusqu’à la fin de 2010 », souligne le ministre des Médias.
Selon lui, le ministère de l’Urbanisme avait donné un préavis de 3 mois à Vital Kamerhe.
« On lui a donné un préavis de 3mois en décembre 2010 pour libérer la maison. Cela courrait jusqu’à mars 2011. Nous sommes aujourd’hui en 2014, les 3 mois se sont transformés en 3 ans. M. Kamerhe n’est pas du tout fondé pour dire qu’on ne lui a pas donné un délai pour partir, il a abusé de la patience de l’Etat », indique Lambert Mende.
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