Le gouvernement provincial de Kinshasa a accordé mercredi 22 janvier un moratoire de 45 jours aux transporteurs en commun, dont les propriétaires des fameux Mercedes «207» surnommés «esprit de mort», pour qu’ils mettent leurs véhicules en bon état technique. Les conditions calamiteuses dans lesquelles ces fourgons aménagés en minibus transportent leurs passagers sont à l’origine de beaucoup d’accidents dans la capitale de la RDC.
Les Mercedes 207 pourront donc continuer à circuler à Gombe contrairement à ce qui avait été annoncé avant. Le chef de la police de Kinshasa, le général Kanyama avait annoncé mardi 14 janvier que ces véhicules ne circuleraient plus à la Gombe, centre d’affaires de Kinshasa, à partir du 21 de ce mois.
A la veille de l’entrée en vigueur de cette mesure, son chef le général Bisengimana avait prolongé l’application de cette mesure de trois jours.
Finalement, les « 207 » ont 45 jours pour être remis en état, le cas échéant. La décision a été prise mercredi au cours d’une réunion entre le Premier ministre, le ministre des Transports et le gouverneur de Kinshasa.
Code technique
«Les mesures seront certainement en vigueur, mais il y a un moratoire qui a été accordé de manière à permettre aux uns et aux autres, notamment aux conducteurs et aux propriétaires de ces taxis bus, de pouvoir se mettre en règle. Ils ont donc 45 jours», indique Thérèse Olenga, porte-parole du gouvernement provincial de Kinshasa.
Au bout de ces 45 jours, ces véhicules devront répondre à l’exigence du code technique, précise-t-elle :
«Ils devront s’organiser afin que leurs véhicules portent les couleurs qui correspondent aux couleurs qui sont édictées, que leurs véhicules soient en bon état, les pare-brises remplacés, les phares, etc.»
Mais ce moratoire ne concerne en rien le respect du code de la route, nuance Thérèse Olenga.
«Aucune autorité ne peut dire : écoutez, allez d’abord commettre des bévues et 45 jours après, je vais commencer à sévir», a-t-elle prévenu.
Joint mercredi, le Commissaire général de la police, le général Charles Bisengimana, a confirmé la nouvelle mesure.
Rappelant que la Police n’a pris aucune décision en cette matière, le chef de la police nationale a assuré que ces forces sont prêtes et disposées à exécuter à n’importe quel moment les mesures prises par les responsables politiques attitrés.
Transco et Transkin
Les sociétés publiques Transco (230 bus) et Transkin (90 bus), n’arrivent pas à couvrir la demande en transport en commun à Kinshasa, une ville de plus de 9 millions d’habitants. Le transport en commun y est essentiellement assuré par des privés, dont les propriétaires des Mercedes 207, tristement devenues célèbres à cause des accidents qu’ils occasionnent.
Les Kinois appellent « esprit de mort » ces fourgonnettes que les importateurs transforment en bus pour passagers.
L’aération y est souvent difficile faute de fenêtres adaptées. Les passagers, assis sur des banquettes en bois entourées de métal, voyagent coincés. Impossible de porter des ceintures de sécurité dans ces conditions. Un bidon de 25 litres rempli de carburant et placé à côté des passagers tient parfois lieu de réservoir, mettant ainsi en danger des vies humaines.
En mai 2012, Kinshasa a été paralysé par une grève des transporteurs privés. Les autorités avaient renforcé les contrôles des véhicules. Les 207, comme on appelle aussi ces bus, étaient dans la ligne de mire. Les privés avaient alors garé leurs bus et voitures. Moins de 48 heures plus tard, les autorités rétropédalaient faute d’alternative.
La capitale de la RDC ne dispose que d’une seule ligne de train urbain qui relie les communes peuplées de l’est de Kinshasa au centre ville. Lors de la grève de mai 2012, le gouvernement avait doublé les rotations sur cette ligne. Sans succès.
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