RDC: le général John Numbi nie son implication dans les attaques armées du 30 décembre

Le général suspendu John Numbi, 24 janvier, RDC

L’ancien patron de la police nationale congolaise, John Numbi nie son implication dans les attaques armées perpétrées le 30 décembre dernier contre des sites stratégiques à Kinshasa, Lubumbashi (Katanga) et Kindu (Maniema). Le général John Numbi a ainsi réagi, mardi 31 décembre, au cours d’un point de presse tenu dans sa ferme de Benjhin, située à une quarantaine de kilomètres du centre-ville de Lubumbashi, chef-lieu du Katanga.

Il entend couper court aux rumeurs qui l’accusent d’être de connivence avec le présumé instigateur des attaques du 30 décembre dernier, le prophète Joseph Mukungubila.

Devant une poignée de journalistes, l’ancien commissaire divisionnaire principal de la police demande aux services attitrés de se saisir du dossier afin de traduire les coupables en justice.

Dans cet entretien qu’il a accordé à Radio Okapi, l’ancien patron de la police affirme que depuis sa suspension, il est hors fonction et ne s’occupe plus que de ses affaires privées.

Le général John Numbi répond aux questions de Colin Djuma Musompo.

Radio Okapi: Bonjour général John Numbi, nous vous trouvons en brousse. Nous voulons comprendre si c’est ici votre lieu de refuge.

John Numbi: Je ne sais pas si vous le trouvez comme un lieu de refuge. C’est peut-être parce que vous n’avez pas eu l’occasion de visiter partout. C’est un lieu touristique, où tout le monde vient, expatriés comme Congolais.

Radio Okapi: Cet endroit serait réputé comme un lieu d’entrainement de certains groupes armés. Comment réagissez-vous par rapport à cette affirmation ?

John Numbi: Je qualifie ça de stupide parce que vous ne pouvez pas héberger dix ou vingt personnes sans qu’elles laissent les traces de leurs saletés, de leur cuisine ou dortoir. Ceux qui veulent fomenter de faux bruits pensent que je peux enfermer les gens ici pour les entrainer. Pour quelle fin ? Et depuis que j’ai commencé d’entrainer ca fait huit ans ! Et je ne fais qu’entrainer. Donc, ces gens sont devenus des rangers ou de supers combattants. Quel est leur objectif ? Ils feront quoi après ? Est-ce que je suis au dessus de la loi, du gouvernement et de tous les services de l’État ? Je peux empêcher un seul service du pouvoir de venir fouiller l’endroit où je suis ? Il y a des étrangers qui viennent, des enfants et des écoliers qui viennent visiter mon endroit et pourquoi les services de sécurité ne viennent pas fouiller et trouver ces gens là!

Radio Okapi: Mon général, votre nom est cité parmi les gens impliqués dans les récents évènements de Kinshasa, Lubumbashi et Kindu où vous êtes cité comme étant la personne qui a collaboré avec le révérend-pasteur Mukungubila ?

John Numbi : Je l’ai appris comme vous. Monsieur Mukungubila, je l’ai vu uniquement à la télévision comme candidat-président de la République. Je ne l’ai jamais croisé sur la route et il ne m’a jamais dit bonjour même au téléphone. Je ne connais même pas un de ses proches collaborateurs. Voilà le mal qui ronge le pays : le mensonge au lieu que les gens travaillent. Mukungubila l’a reconnu officiellement à la télévision mais il ne m’a jamais cité comme son collaborateur direct.

Radio Okapi: Vous avez des affinités avec lui ?

John Numbi: Je ne sais pas. Je pense que vous êtes professionnel et il n’y a pas un service de l’État qui peut définir le lien qui me lie avec Mukungubila. Je ne connais pas sa famille, il ne connait pas non plus la mienne. Je ne connais pas ses enfants et il ne connait non plus pas les miens.

Radio Okapi: Pourquoi votre nom apparait?

John Numbi: C’est là où vous pouvez fouiller. Nous avons développé une culture de mensonge dans notre pays. J’ai même suivi des journalistes qui posaient des questions à notre ministre de l’Information qu’il fallait désarmer John Numbi. Je suis en suspension depuis trois ans par discipline. Lorsque le Conseil supérieur de la Défense prend une décision, je dois me plier et saluer cette décision. Je me suis retranché et je suis resté calme sans rien dire. On veut désarmer mes hommes ! Quels hommes ? Ils sont où ?

Radio Okapi: Vous avez une compagnie ou un bataillon ?

John Numbi: Vous pensez qu’il est justifié qu’un officier en suspension puisse avoir un bataillon ou une brigade ou encore un peloton? Quelle est ma supériorité par rapport aux institutions du pays, à l’organisation de l’armée ou de la police pour que je puisse détenir plus de 30 ou 40 hommes. Chez moi à Lubumbashi, je n’ai qu’un seul garde du corps. Dans cette ville, personne ne m’a vu avec une escorte ou un garde du corps entrain de me promener.

Radio Okapi: Certaines langues disent que vous êtes mécontent depuis que le président de la République a confirmé le général Bisengimana à votre place et vous vous êtes lancé dans cette optique de soulèvement armé.

John Numbi: Je ne suis pas l’ami du président de la République. Il est le commandant suprême et il n’a pas d’associé dans l’exercice de son pouvoir. Lorsqu’il prend la décision de nommer quelqu’un, il ne doit pas me consulter et je ne dois pas m’opposer. Je ne peux même pas juger la décision du président de la République car quand il m’a suspendu, je n’avais pas boudé. Lorsqu’il a désigné Bisengimana comme intérimaire, je n’ai pas boudé et je suis calmement parti. Pourquoi je dois bouder aujourd’hui parce qu’il l’a désigné. Il n’a pas seulement nommé Bisengimana qui a aussi ses adjoints. Donc, je vais mettre en cause la décision du président de la République? De quelle manière je peux le faire. Si vous dites que par la révolte. Qui s’est révolté ? Ce n’est pas mon garde du corps, ni mon chauffeur. Ceux qui se sont révoltés sont entre guillemets des hommes de Mukungubila ; Ces hommes sont tous des civils et il n’y a pas un seul policier ou un militaire.

Vous pouvez écouter cet entretien:

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