Roger Meece : « On a fait des progrès mais beaucoup reste à faire »

Le chef de la Monusco, Roger Meece à Kinshasa, 26/07/2010.

Le mandat de Roger Meece, Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en RDC a pris fin le jeudi 27 juin. Il est remplacé à ce poste par l’Allemand Martin Kobler. Invité de l’émission Grand témoin sur les antennes de Radio Okapi, l’ancien patron de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC dit quitter la mission avec un sentiment partagé entre l’échec et l’optimisme.

Arrivé en 2010 à la tête de la Monusco, Roger Meece se dit déçu de n’avoir pas ramené la paix dans l’Est de la RDC. Mais il affirme être confiant sur le retour de la paix et la sécurité durables dans les régions de la RDC meurtries par l’activisme des groupes armés.

« Je suis déçu. J’arrive à la fin de mon mandat sans avoir la paix, la sécurité durable dans l’Est du pays [RDC] », dit-il, dressant son bilan, après avoir dirigé la Monusco pendant trois ans.

Si dans l’Est de la RDC, Roger Meece reconnaît n’avoir pas réussi à permettre le retour de la paix, il indique cependant que dans la partie Ouest, il a « beaucoup fait ».

« Je suis sensible qu’on a beaucoup fait. Par exemple, Kinshasa d’aujourd’hui du point de vue de la sécurité et autre n’est pas du tout la même ville que j’ai connue en 2006 et 2007 quand j’étais ici comme ambassadeur [des Etats-Unis] », affirme-t-il.

Le diplomate américain indique cependant que beaucoup de progrès ont aussi été faits dans la partie orientale du pays.

« Reconnaissons qu’on a fait des progrès mais beaucoup reste à faire », assure-t-il, expliquant que « les FDLR, par exemple, qui étaient parmi les grandes menaces du pays depuis le génocide au Rwanda [1994] sont là mais en position de faiblesse ».

Roger Meece reconnaît que mettre fin à l’activisme des groupes armés «n’est pas une question très simple ».

Les FDLR

Milicien FDLR. Photo AFPm

En 2012, raconte l’ancien patron de la Monusco, il était possible de parvenir à la fin de l’activisme des FDLR mais, poursuit-il, le déclenchement de la guerre par le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) en 2007 puis le Mouvement du M23 (M23) en 2012 a bloqué ce processus.

Mais à en croire Roger Meece, les FDLR sont actuellement dans une position de faiblesse.

« Il est très important de mettre fin à la menace du M23 et de reprendre les opérations et la pression contre les FDLR pour arriver à la fin de ces menaces qu’ils posent ainsi que tous ces groupes armés encore actifs en RDC », fait-il savoir.

Rôle de la Monusco

Plusieurs voix se sont élevées ces derniers pour déplorer l’inefficacité de la Monusco. Le président ougandais, Yoweri Museveni, a même accusé la mission onusienne de faire du tourisme.

Mais pour Roger Meece, les gens qui tiennent de tels propos ne connaissent pas les réalités que vivent les populations du Nord et Sud-Kivu.

« Je pense qu’il est beaucoup plus facile pour une personne qui vit dans des conditions beaucoup plus confortables à Kinshasa ou ailleurs à parler en ce sens », affirme-t-il.

L’ancien patron de la Monusco affirme que la population de l’Est de la RDC reste attachée à la présence de la Monusco:

« J’invite les gens qui parlent comme ça à parler avec les personnes du Nord-Kivu et Sud-Kivu qui se sentent menacées tous les jours par les groupes armés ou bien à parler avec les personnes qui restent autour de l’une de nos bases. Il y en a 90 plus ou moins. Si l’on propose de fermer ces bases, il y a toujours une forte opposition de la population ».

Le retour de la paix en RDC

Des militaires tanzaniens de la Brigade d’intervention de la Monusco lors de leur arrivée à Goma (Photo Clara Padovan)

Roger Meece se dit optimiste sur le retour de la paix en RDC. « Avec des initiatives lancées il y a quelques temps, explique-t-il,  je crois que nous avons la possibilité, la bonne potentialité et même les conditions pour effectivement établir la paix, la sécurité durable, avec les engagements nécessaires de toutes les parties. Je parle non seulement pour la RDC, mais aussi ses voisins ».

Parmi ces initiatives, il a notamment évoque :

« La paix n’est pas aujourd’hui mais je pars avec un optimisme que les choses sont faisables », espère Roger Meece, qui conseille « de ne pas répéter les erreurs du passé ».