La présidente de la Commission de l’Union Africaine, la sud-africaine Nkosazana Zuma, a appelé l’Afrique à prendre plus résolument en main son destin. C’était à l’ouverture des cérémonies du cinquantenaire de la naissance de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), ancêtre de l’actuelle Union Africaine (UA), qui ont lieu samedi 25 février à Addis Abeba, en Ethiopie, sous le thème «Panafricanisme et Renaissance africaine». Plusieurs dirigeants africains ainsi que le Secrétaire général de Nations Unies prennent part à ces assises.
«Si nous parlons de solutions africaines aux problèmes africains, c’est parce que nous savons que nous ne pouvons faire taire les armes pour de bon que si nous agissons de façon solidaire et unie», a déclaré Nkosazana Zuma à la tribune du nouveau siège de l’UA.
De son côté, le Premier ministre éthiopien, Ayilemariam Desalegn, hôte du sommet, a rendu hommage aux fondateurs de l’OUA et «à leur quête en vue de l’unité africaine». Il a proposé une nouvelle définition du panafricanisme qui, selon lui, devrait être de construire un continent libéré de la pauvreté et des conflits, au sein duquel les citoyens bénéficieront d’un statut de pays à revenu intermédiaire.
La présidente du Brésil Dilma Rousseff, le secrétaire d’Etat américain John Kerry et le secrétaire général des Nations unies Ban Ki- Moon ont assisté à la cérémonie d’ouverture. Le président français François Hollande devrait les rejoindre plus tard dans la journée. Environ 10.000 personnes sont aussi attendues dans la capitale éthiopienne pour ces célébrations.
Un sommet est prévu dimanche 26 mai avec, au menu, la situation sécuritaire au Mali et dans l’est de la République démocratique du Congo, ainsi que la crise politique à Madagascar.
De l’OUA à l’UA
A sa création, l’Organisation de l’Unité africaine (OUA), s’est engagée à promouvoir l’unité et la solidarité entre les Etats africains en vue d’un avenir politique et économique durable.
Ayant fait de la non-ingérence un principe fondateur, l’OUA est souvent apparue comme un organe sans réel pouvoir, un club de chefs d’Etats, en majorité autocrates.
Pour faire oublier ce passé peu glorieux, l’Union Africaine lui a succédé en 2002, se dotant d’institutions comme le Conseil de Paix et de sécurité, et des mécanismes plus ambitieux, consacrant notamment un droit d’ingérence.
Cinquante ans plus tard, les 54 Etats membres de l’Union africaine peinent toujours à faire de l’Afrique un continent uni. Mais l’UA a suspendu et sanctionné, depuis sa création, plusieurs Etats membres qui ont été des théâtres de coups d’Etat.
Selon les analystes, le succès de l’Union Africaine est principalement entravé par des problèmes financiers et de profondes divisions en son sein.
Une organisation «presqu’absente»
Des étudiants d’universités congolaises, interrogés par Radio Okapi, ont regretté que l’Union africaine soit «presqu’absente» en RDC.
«Si on doit parler de l’Union africaine, on ne sent pas l’impact de cette organisation dans les divers problèmes qui arrivent dans notre continent», a affirmé l’un d’entre eux.
Pour un autre, 50 ans après son existence, le bilan de l’UA n’est pas positif en RDC où elle est presqu’absente, selon lui.
«Elle n’arrive pas à peser ni à éradiquer les conflits vécus dans diverses régions africaines», a encore argué un autre.
Un quatrième étudiant interrogé n’a pas hésité à parler de «50 ans théoriques», en évoquant un contraste entre l’action de l’Union africaine et celle de l’Union européenne, par exemple.
«L’Union africaine n’est pas capable de trouver la solution dans tout ce qui se passe en Afrique. Les dirigeants africains ne sont pas unis, ils ne parlent pas le même langage. Dans un Etat tel que la Lybie, ce n’est pas à l’Otan d’aller intervenir! Ça veut dire que l’Union africaine n’a pas les moyens de le faire», a affirmé un dernier.
Lire aussi sur radiookapi.net :
Philippe Biyoya: «On sent aujourd’hui l’absence d’un leadership en Afrique»
Grands Lacs : la paix et la stabilité « dépendront des dirigeants de la région »