Le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, estime que le Mouvement du 23 mars (M23) a repris les combats au Nord-Kivu pour faire douter la brigade internationale de la Monusco et par crainte de l’arrivée du secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon qui est attendu à Kinshasa le mercredi 22 mai. Les rebelles du M23 et les militaires congolais se sont affrontés le lundi 20 mai à Mutaho, à près de 10 Km au Nord de la ville de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu.
Ces affrontements sont les premiers depuis le retrait de la rébellion de la ville de Goma en décembre 2012. Les deux camps s’accusent mutuellement d’avoir attaqué en premier.
Invité à l’émission Dialogue entre Congolais de Radio Okapi le lundi, Julien Paluku a affirmé que c’est la rébellion qui a lancé l’attaque. Selon lui, trois événements montrent que ce sont les rebelles qui ont déclenché l’offensive.
« Avec l’annonce de l’arrivée de la Brigade, le M23 s’était adressé aux parlements sud-africain et tanzanien pour dire que si vous envoyez le contingent au Nord-Kivu, ils seront massacrés par nous », a expliqué le gouverneur.
Selon Julien Paluku, le deuxième événement qui explique l’attaque du M23 est « la campagne d’intoxication » organisée par la rébellion « pour dire que le gouvernement a choisi une option militaire et qu’en faisant ce choix, il ne s’en prendra qu’à lui-même ».
L’annonce de l’arrivée du secrétaire général des Nations unies constituerait, toujours selon le gouverneur, le dernier élément qui a motivé l’offensive du M23.
« Tout le monde sait que Ban Ki-moon va arriver dans 48 heures en RDC et que pour le M23, la reprise des attaques c’est une façon de le faire douter, de faire douter ses stratégies notamment l’accord-cadre [d'Addis-Abeba] et la résolution [2098 créant la brigade d’intervention de la Monusco]», a ajouté Julien Paluku.
Pour sa part, le M23 nie avoir attaqué les FARDC. Selon son chef politique, Bertrand Bisimwa, son mouvement voulait déloger les rebelles rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) de Mutaho.
« Il y a une source à Mutaho où nos hommes vont s’approvisionner en eau. Lorsqu’ils s’y sont rendus aujourd’hui, ils ont trouvé les FDLR sur le lieu. Ils étaient alors contraints de les repousser. C’est vers 6 heures du matin que les FARDC nous ont attaqués à leur tour et continuent de pilonner nos positions », a-t-il confié à Jeune Afrique le lundi dans la journée.
« Un mensonge », a répondu le gouverneur du Nord-Kivu.
Ces affrontements sont intervenus alors que la Brigade d’intervention de la Monusco continue son déploiement dans l’Est de la RDC.
Cette force créée par la résolution 2098 des Nations unies sera composée de 3 069 militaires. Elle disposera d’un mandat offensif qui lui permettra de combattre les nombreux groupes armés qui insécurisent l’Est de la RDC.
Le M23 désapprouve le déploiement de cette force. La rébellion a promis de riposter en cas d’attaque de la brigade. « Nous, comme M23, nous n’avons pas le droit d’attaquer le contingent de l’ONU. Mais s’ils venaient à nous attaquer, nous avons le droit de répondre, de riposter, (…) de nous défendre », a affirmé en avril dernier le porte-parole militaire du mouvement rebelle, Vianney Kazarama.
« Il s’agit de l’option de la guerre que les Nations unies viennent de lever », avait également déclaré Bertrand Bisimwa, au lendemain du vote de la résolution 2098 aux Nations unies.
Lire aussi sur radiookapi.net:
- Grands Lacs : la paix et la stabilité « dépendront des dirigeants de la région »
- RDC : le M23 désapprouve la création de la brigade d’intervention de la Monusco
- RDC : les préparatifs du déploiement de la brigade d’intervention sont très avancés, selon Roger Meece
- RDC : L’ONU n’exclut pas les concertations pour arriver à une paix durable dans l’Est
- En RDC, l’illusion de la paix -Le Monde