Professeur Philippe Biyoya : « Le 24 avril est un repère pour la démocratie en RDC »

L’analyste politique congolais, Philippe Biyoya estime que la date du 24 avril est un repère pour la démocratie en République démocratique du Congo. Le 24 avril 1990, le président Mobutu décréta le multipartisme qu’il avait supprimé 25 ans plus tôt lorsqu’il est arrivé au pouvoir par un coup d’État. Cette date représente pour bien d’analystes, la reprise de la longue marche vers la démocratisation du Zaïre qui a été rebaptisé en 1997 République démocratique du Congo.

« Je crois que c’est un départ, un repère. Au moins aujourd’hui, l’aspiration de la population congolaise n’a pas baissé, même si les expériences démocratiques ne semblent pas converger parce qu’il y a rupture dans le processus. Mais ce qui est important, c’est qu’il y a une sorte d’engagement collectif que le Congo ne peut plus reculer, être autre chose que d’être une démocratie », a déclaré le professeur Philippe Biyoya.

A la fin des années 1990, le bloc de l’Est s’est effondré, le vent de la démocratie a soufflé sur l’Afrique. La RDC, Zaïre à l’époque, ne pouvait pas résister à ce mouvement. Le président du Zaïre, le maréchal Mobutu fit alors une tournée dans toutes les provinces du pays dans ce qu’il appela les « consultations populaires » pour tâter le pouls de l’opinion publique nationale.

Dans un discours resté dans les annales de l’histoire, le Léopard du Zaïre, surnom que s’était attribué le président Mobutu, mit fin au parti-état et « prit congé » du MPR (le mouvement populaire de la révolution) dont il était le tout-puissant dirigeant. Avant de se raviser quelques jours plus tard dans un discours d’éclaircissement parce que le MPR étant confondu à l’État, le président du MPR était de fait et droit le chef de l’Etat.

Le 24 avril 1990, les Zaïrois virent pour la première fois, leur président- vulnérable- qui ne put maîtriser ses larmes.

« Comprenez notre émotion ». La phrase que prononça le maréchal Mobutu après ses larmes est depuis entrée dans la légende. Dans les jours qui suivirent ce discours, une centaine de partis politiques virent le jour. Le secteur des médias jadis monopole de l’État fut ouvert aux privés. A elle seule, la capitale de la RDC comptait plus de 200 titres de journaux. Sans modèle économique viable, la plupart des ces médias fermèrent les uns après les autres.

Le Zaïrois de l’époque saisit la moindre occasion pour savourer la liberté retrouvée. Les hommes déterrèrent leurs cravates et leurs vestes enfouies dans des malles. Les femmes remirent leurs pantalons et les cheveux artificiels importés de l’occident. Des tenues vestimentaires interdites sous le parti-État.

« Le Congo a pris acte avec l’histoire du monde, qui à l’époque ne jurait que par la révolution démocratique, et le Congo s’est introduit dans le tournant de l’histoire mondiale et s’est positionné comme une nation aspirant à un destin démocratique », explique le professeur Biyoya.

Le maréchal Mobutu quitta le pourvoir 7 ans après l’ouverture démocratique qu’il avait initiée sous la pression internationale. Son tombeur, Laurent-Désiré Kabila, fut assassiné dans sa résidence 4 ans après son accession au pouvoir. Son fils, Joseph Kabila, qui lui a succédé a été élu en 2006 lors des toutes premières élections présidentielle et législatives au suffrage universel direct organisées dans le pays. Il a été réélu en 2011 pour un autre mandat de 5 ans.

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