Louise Mushikiwabo : « Nous ne pensons pas qu'une action militaire soit la solution aux problèmes dans l'est de la RDC »

La brigade d’intervention que l’ONU va déployer dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) pourra avoir un rôle de “dissuasion”, mais le plus important est le processus politique, a déclaré lundi 15 avril la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.

Nous ne pensons pas qu’une action militaire soit la solution aux problèmes dans l’est de la RDC, donc nous considérons cette brigade comme pouvant être un moyen de dissuasion, une présence nécessaire mais elle doit être complétée par d’autres aspects, et en premier lieu sur le volet politique du conflit“, a expliqué à la presse Louise Mushikiwabo qui venait de présider une réunion du Conseil de sécurité de l’ONU consacrée à la prévention des conflits en Afrique, rapporte l’AFP.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté, fin mars, une résolution créant une brigade d’intervention au sein de sa mission en RDC. Cette force est chargée de lutter contre les groupes armés dans l’est dont le Mouvement du 23 mars (M23) créé en mars 2012 par d’ex-rebelles du CNDP intégrés dans l’armée avant de redevenir rebelles. Des experts de l’ONU ont accusé l’année dernière le Rwanda de soutenir militairement le M23, ce que Kigali dément.

Après le vote de la résolution du conseil de sécurité, Kinshasa a demandé au M23 de « s’auto-dissoudre » au risque d’être la cible de la brigade d’intervention. De son côté, le M23 a affirmé qu’il s’accordait “le droit de riposter” en cas d’attaque de la brigade.

Mme Mushikiwabo a renouvelé aussi devant les journalistes les critiques de Kigali contre la Cour pénale internationale (CPI), qui selon elle “pratique davantage la politique que la justice”. “L’époque où l’Afrique était montrée du doigt par l’Occident est révolue”, a-t-elle affirmé.

Critiques contre la CPI

Par ailleurs, dans son discours devant le Conseil, elle a soutenu dans son principe l’idée d’une justice internationale. Mais, a-t-elle précisé, le Rwanda “ne peut pas soutenir une Cour pénale internationale qui condamne certains crimes mais pas d’autres”, accusant la Cour “d’être l’objet de manipulations politiques”.

Les 15 pays membres du Conseil ont adopté à l’unanimité une déclaration très générale sur la prévention des conflits en Afrique qui ne mentionne pas la CPI, malgré l’insistance de plusieurs pays membres. Selon des diplomates, les sept pays du Conseil qui sont aussi parties à la CPI (Argentine, Australie, Royaume-Uni, France, Guatemala, Luxembourg) souhaitaient rendre hommage à l’action de la Cour mais le Rwanda, qui préside le Conseil en avril, s’y est opposé.

Quatre Congolais sont actuellement incarcérés dans le centre de détention de la Cour pénale internationale à La Haye.

Germain Katanga est poursuivi pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité commis pendant la guerre civile de 2002 et 2003 en Ituri. Jean-Pierre Bemba, ancien vice-président de la RDC et sénateur, est poursuivi pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité qu’auraient commis ses soldats en Centrafrique en 2002 et 2003 au moment où il dirigeait la rébellion du Mouvement de libération du Congo. Thomas Lubanga, premier condamné de l’histoire de la CPI, purge une peine de 14 ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. La Cour l’a reconnu coupable d’avoir enrôlé et fait participer des enfants aux combats. Bosco Ntaganda, qui a fait carrière dans plusieurs mouvements rebelles de l’est de la RDC, est détenu à la Haye depuis fin mars dernier après qu’il s’est rendu à l’ambassade américaine à Kigali le 18 mars. Le procureur l’accuse des mêmes crimes imputés à Thomas Lubanga. En 2002 et 2003, Bosco Ntaganda dirigeait les FPLC (Forces patriotiques pour la libération du Congo), la branche armée de la rébellion que dirigeait alors Thomas Lubanga.

Co-accusé avec Germain Katanga, Matthieu Ngudjolo est le premier acquitté de la Cour pénale internationale. Actuellement détenu dans un centre de demandeur d’asiles aux Pays, il pourrait revenir devant les juges de la CPI, la procureure Fatou Bensouda ayant demandé l’annulation de son acquittement et un procès en appel.

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