Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a demandé, vendredi 5 avril, que la culpabilité soit établie au second degré pour le chef milicien congolais Mathieu Ngudjolo, acquitté au mois de décembre 2012 au premier. Il était poursuivi pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre en Ituri au nord-est RDC en 2003.
Dans un entretien à Radio Okapi, le porte-parole de la CPI en RDC, Paul Madidi, a précisé:
«Après le procès Ngudjolo, le bureau du procureur qui est une des parties au procès avait introduit un appel contre la décision des juges de libérer Ngudjolo et contre la non culpabilité de Ngudjolo. Celui contre la décision de le libérer a été débouté, mais on est toujours dans la phase d’appel quant à la culpabilité de Monsieur Ngudjolo».
Pour Fatou Bensouda, procureur de la Cpi qui est allé en appel, «la chambre de première instance a fait d’importantes erreurs de droit, de faits et de procédure qui ont vicié sa décision».
«La seule conclusion raisonnable sur la base des preuves et des éléments de faits présentés est que Ngudjolo était bien le chef des combattants Lendu du groupement Bedu-Ezekere qui a attaqué le village de Bogoro le 24 février 2003 », a assuré Fatou Bensouda.
En décembre dernier, les juges qui faisaient partie du procès de Ngudolo, avaient estimé que les preuves présentées par l’accusation n’étaient pas suffisantes pour prouver le rôle de chef de Mathieu Ngudjolo Chui et que les trois témoins clés du procureur n’étaient pas crédibles.
Matthieu Ngudjolo avait été libéré et avait demandé l’asile aux Pays-Bas au mois de février.
Fatou Bensouda pense de son côté que les juges n’avaient pas bien appliqué les critères pour évaluer les preuves présentées et qu’ils n’ont pas pris en compte la totalité de ces preuves.
Justice Plus appelle les juges à apprécier
Justice Plus, une ONG basée à Bunia (Ituri) estime que le procureur de la CPI a tout le droit de faire des observations, mais il appartient aux juges d’apprécier la validité et la conformité de ces observations.
Pour le porte-parole de cette ONG locale, Mitterand Bossa, les preuves et de témoins que Madame Fatou Bensouda contre Mathieu Ngudjolo seraient une bonne chose pour les victimes.
«Nous, nous voulons que justice soit faite et que tout le monde soit rétabli dans ses droits», a conclu Mitterand Bossa.
Matthieu Ngudjolo est un ancien dirigeant de la milice du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI). Il a été accusé d’avoir voulu « effacer totalement » la population du village de Bogoro, dans l’Ituri, un district de la Province Orientale.
Un autre procès arrivé à terme devant la CPI est celui de Thomas Lubanga de l’Union des patriotes congolais (UPC). Il avait été condamné, le 10 juillet 2012, à quatorze ans de prison pour avoir utilisé des enfants soldats de moins de quinze ans et de les avoir fait participer activement à des hostilités dans les rangs de sa milice lors de la guerre civile en Ituri entre 2002 et 2003.
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