La Société civile du Nord-Kivu exige au gouvernement congolais et à la Conférence internationale pour la région de Grands lacs (CIRGL) de mettre un terme aux négociations qui se tiennent à Kampala (Ouganda) entre les représentants du gouvernement congolais ceux des rebelles du M23. Elle estime que le but de ce dialogue – évaluer l’accord de paix du 23 mars 2009 signé entre le gouvernement et le CNDP –est atteint.
Les pourparlers de Kampala ont débuté le 9 décembre 2012. Les deux parties examinaient depuis le 16 janvier le point relatif à l’évaluation de l’accord du 23 mars. Elles ont adopté le rapport final sur cette question mercredi 6 février. Selon ce rapport, certaines résolutions de l’accord du 23 mars ont été complètement appliquées, d’autres partiellement appliquées tandis qu’une dernière catégorie de résolutions n’a pas été mise en œuvre.
Dans leur déclaration officielle du lundi 11 février, les responsables de la coordination provinciale la Société civile du Nord-Kivu estiment que le point le plus important concernant l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009 est déjà vidé. Ce point étant, selon eux, le plus important inscrit dans l’agenda des pourparlers, ils appellent à l’arrêt des discussions.
Pour Omar Kavota, vice-président et porte-parole de la société civile, la poursuite de cette rencontre deviendrait «budgétivore».
« Les travaux ne devraient s’arrêter qu’à l’évaluation de l’accord du 23 mars 2009 et non de négocier avec le M23. Nous pensons que le gouvernement devrait s’abstenir de partager le pouvoir avec le M23 ou d’intégrer ses éléments dans la police et dans l’armée parce que ce serait encourager les autres groupes armés à considérer que la prise des armes est un mode de revendication pour accéder au pouvoir », affirme-t-il.
Le M23 a été créé en mai 2012. Les responsables de ce mouvement rebelle exigent l’application de l’accord du 23 mars signé entre Kinshasa et le CNDP de Laurent Nkunda, un mouvement politico-militaire dont sont issus la plupart de ses chefs militaires. Cet accord prévoyait notamment la reconnaissance des grades de ses soldats au sein de l’armée et de la police.
Omar Kavota demande aussi au parlement d’initier un audit sur les fonds affectés à ces pourparlers.
« Il faut que la population connaisse tout ce qui a été géré comme fonds pace qu’aux yeux du peuple, ces pourparlers revêtent de plus en plus un caractère budgétivore », a-t-il déclaré.
L’évaluation de l’accord du 23 mars 2009 comprenait deux volets : l’évaluation dudit accord et le mécanisme pour sa mise en œuvre et les questions connexes.
Cripsus Kiyonga, ministre ougandais de la Défense et facilitateur de ces pourparlers, avait relevé que sur les trente-cinq points de cet accord, le gouvernement a totalement réalisé quinze, ajoutant que huit ont été «partiellement réalisés».
Douze points de cet accord n’ont jamais été réalisés ou ont été réalisés de manière inadéquate.
La Voix des sans voix (VSV) et l’Association africaine pour la défense des droits de l’homme (Asadho) avait réclamé, jeudi 24 janvier « l’arrêt immédiat » des négociations de Kampala. Pour ces deux ONG, seul un dialogue national peut mettre fin à la crise sécuritaire dans l’Est de la RDC.
Lire aussi sur radiookapi.net: