Les conducteurs des poids lourds exploitant l’axe Kinshasa–Matadi–Boma et leurs auxiliaires ont dénoncé, samedi 5 janvier, les mauvaises conditions de travail auxquelles ils sont soumis. Ils disent avoir introduit depuis 2007 plusieurs revendications concernant leur rémunération et leurs avantages sociaux auprès de leurs employeurs, propriétaires de ces poids lourds. Sans suite. Le ministre de l’Emploi promet de s’impliquer pour trouver une solution.
Regroupés au sein de l’Intersyndicale du secteur du transport routier, les conducteurs des poids lourds estiment que leurs employeurs, constitués en majorité des expatriés, les exploitent.
«Les routiers font des missions sans être soutenus. Ils n’ont pas à manger. Ils n’ont pas de logement. Ils n’ont pas de prime. Ils travaillent trente jours sur trente, mais ils sont payés pour vingt-six jours», s’est plaint André Tshikoji, président National du syndicat professionnel des transporteurs routiers.
Il affirme que beaucoup d’accidents mortels sont enregistrés sur l’axe Kinshasa-Boma. Et lorsque les routiers meurent, selon lui, «ils sont déclarés déserteurs par ces mêmes employeurs qui font de fausses déclarations à l’INSS (Institut national de sécurité sociale)»pour que leurs familles ne soient pas payées.
Si ces camionneurs vont en grève comme ils le menacent, Kinshasa pourrait connaître une pénurie en biens provenant de l’étranger qui entrent au pays via les ports de Boma et Matadi. Ces biens sont aussi acheminés dans la capitale de la RDC par camion.
Les employeurs de ce secteur jugent non fondées ces revendications et estiment traiter leurs employés conformément à la législation congolaise. Le directeur administratif de la société Afritrans, Hilaire Ndjaté, a dénoncé plutôt une anarchie de la part des routiers.
«Dans ce pays, il existe un Smig. Je ne sais pas si nos travailleurs touchent en dessous du Smig. Mais, ils touchent le montant prévu par le Smig, et même plus. Il n’y a pas d’inquiétude. Et puis, ils se proposent d’aller en grève en vertu de quoi? Ça c’est une anarchie», a déclaré le directeur administratif de la société Afritrans.
Pour ces employeurs, toutes ces revendications devraient être adressées à eux et non à l’autorité publique.
Le ministre de l’Emploi, Travail et Prévoyance sociale, Modeste Bahati Lukwebo, pour sa part s’est dit conscient de mauvaises conditions dans lesquelles les conducteurs des poids lourds et leurs auxiliaires travaillent.
«Dans ce secteur, il y a beaucoup de violations de la législation en matière du travail. Les conséquences sont telles que (…) cela occasionne plusieurs accidents. Quand il y a accident suite à la fatigue, à la somnolence ou à la faim, cela peut entraîner mort d’hommes, mais aussi des dégâts matériels énormes», a reconnu le ministre.
Il a promis d’affecter un ou deux inspecteurs de travail pour examiner ce dossier et lui faire rapport. «Et nous prendrons des sanctions qui s’imposent », a-t-il menacé.
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