Procès Ngudjolo à la CPI : le verdict sera rendu ce mardi

Mathieu Ngudjolo Chui, arrêté par CPI. Ph/radiookapi.net

Le verdict du procès de l’ancien chef du Front des nationalistes et intégrationnistes (FNI), Mathieu Ngudjolo Chui, sera rendu ce mardi 18 décembre. Il risque 30 ans de prison, s’il est reconnu coupable, mardi 18 décembre, à la Cour pénale internationale (CPI), selon l’article 77 du statut de Rome, alinéa 1, a. Mais si les juges décident de l’acquitter, l’ex-chef milicien de l’Ituri (RDC) pourrait rapidement retrouver la liberté, comme le stipule l’article 81 du même statut dans son alinéa 3, c.

Mathieu Ngudjolo Chui est poursuivi pour crimes contre l’humanité commis le 24 février 2003 dans la localité de Bogoro, en Ituri (Province Orientale). Ces crimes sont punissables de la peine de trente ans, d’après le statut de Rome instituant la CPI.

Selon le procureur de la CPI, près de 200 personnes seraient mortes lors de ce massacre.

Tout au long du procès ouvert fin novembre 2009, Mathieu Ngudjolo, qui est infirmier, a plaidé son innocence et affirmé qu’il n’était pas à Bogoro le jour du massacre, mais qu’il procédait à un accouchement.

Dans son réquisitoire, le procureur n’a pas contesté l’alibi de Mathieu Ngudjolo, mais pour lui, « cela ne change rien à sa responsabilité».

«Même absent de Bogoro le jour de l’attaque, Mathieu Ngudjolo aurait participé à sa planification», avait affirmé le procureur de la CPI, indiquant que l’accusé était habité par «la haine de l’ethnie Hema».

Aux plaidoiries finales, les avocats de Mathieu Ngudjolo avaient jugé l’attaque de Bogoro légitime, mais que leur client n’y aurait pas participé.

Mathieu Ngudjolo était jugé au côté de son compatriote Germain Katanga, mais les juges ont récemment décidé de disjoindre les deux affaires.

Des sources proches de la CPI indiquent que le jugement contre Katanga ne sera pas prononcé avant le printemps 2013.

Conflits interethniques récurrents

Administrée par Déogracias Rusoke, la localité de Bogoro, 234 km carrés, soit le tiers de la collectivité de Bahema Sud, est une bourgade coloniale située à 25 km au Sud de Bunia sur l’axe routier qui débouche au port de Kasenyi sur le lac Albert.

Peu avant l’année 2000, la localité comptait près de huit mille habitants.
A l’origine, bien avant l’époque coloniale, Bogoro était peuplé d’éleveurs nomades hemas et des agriculteurs lendu sont arrivés dans cette bourgade grâce à l’évangélisation protestante.

Il y avait également des Belges qui travaillaient à l’ex Office des mines d’or de Kilo Moto et des Grecs qui avaient des pêcheries au lac Albert.
Selon des sources concordantes, les Européens étaient attirés par le climat doux de la région.

La localité de Bogoro constitue également un carrefour éducationnel où des personnages politiques tels que Marini Bodo, ancien président du Sénat congolais, ont enseigné.

L’histoire de Bogoro a été émaillée de conflits inter ethniques à rebondissement entre les éleveurs hemas et les agriculteurs lendus, appelés aussi Ngiti.

Les années clés de ces conflits sont 64-66, 78, 2000 et 2003. Plusieurs intellectuels de la région résument ces conflits en un problème identitaire récurrent attisé dans les années 2000 par l’interventionnisme ougandais dans la région.

Les massacres de 2003 ont réduit les potentialités de Bogoro. La paix y est revenue après l’intervention de l’Onu et plus tard des Forces armées de la RDC (FARDC).

Mais Bogoro ne s’est pas encore totalement relevé, affirment des sources sur place.

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