Le docteur Dénis Mukwege et sa famille ont quitté Bukavu ce samedi 27 octobre dans la matinée. La résidence du médecin directeur de l’Hôpital général de référence de Panzi, qui soigne les femmes victimes des violences sexuelles au Kivu, a été attaquée par des hommes armés le jeudi dans la soirée. Plusieurs sources interrogées sur place disent ignorer la destination prise par la famille qui a embarqué dans un avion d’Eco-flight.
Le docteur et sa famille ont été escortés jusqu’à l’aéroport de Kavumu par des casques bleus de la Monusco. « Ils ont été évacués pour des raisons de sécurité à la demande de ses amis occidentaux », a confié une source proche de la famille.
Interrogées par Radio Okapi, les autorités provinciales indiquent que l’enquête, au sujet de la tentative d’assassinat du docteur Mukwege et du meurtre de la sentinelle de sa résidence, se poursuit.
Le soir de l’attaque, les assaillants, au nombre de quatre, se sont présentés à la sentinelle de la résidence comme des invités du docteur. Une fois dans la maison, armes en main, ils ont demandé aux enfants de ne pas crier.
Le docteur Mukwege qui s’apprêtait à entrer dans sa voiture par la porte de la cuisine s’est retrouvé nez à nez avec un autre assaillant qui lui a ravi la clé de contact du véhicule.
A la vue de la scène, la sentinelle a accouru, criant pour alerter les voisins. Un des bandits qui était au salon, en est sorti et a tiré sur la sentinelle qui est morte sur place.
Entre temps, le médecin est rentré dans la maison, échappant aux coups de feu tirés dans sa direction. Les assaillants ont ensuite pris la fuite emportant la 4×4 du docteur Mukwege, retrouvée le lendemain dans la matinée.
Des condamnations
Dans un communiqué publié le jeudi dans la soirée, le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki Moon, a condamné condamne cette agression.
Il a demandé au Gouvernement de la République démocratique du Congo d’«assurer la sécurité et la sûreté du docteur Mukwege et sa famille, et de ne ménager aucun effort pour identifier les auteurs de cette attaque et les traduire en justice ».
Par son travail extraordinaire et héroïque, indique le communiqué, « Dr Mukwege a sauvé la vie des dizaines de milliers de Congolais, parmi eux des milliers de femmes et de filles victimes de violence sexuelle à l’est de la RDC ».
« Il continue d’être une force pour le bien, et l’hôpital de Panzi une oasis pour les plus vulnérables », conclut le communiqué.
Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a condamné l’attaque qu’il dit avoir apprise « avec horreur ».
« La violence sexuelle est inacceptable. Le fait que par cette attaque, on ait tenté de bâillonner ce médecin afin que les auteurs puissent continuer sans être dérangés à terroriser la population ne peut pas non plus être toléré », affirme le ministre belge dans un communiqué.
Le soigneur des victimes de viol
Le docteur Mukwege est le médecin directeur de l’Hôpital général de référence de Panzi qui offre des soins gratuits et un suivi psychologique aux victimes de violences sexuelles dans les provinces du Nord et Sud Kivu où pullulent les groupes armés.
En 2011, il a reçu le prix international Roi Baudouin pour le Développement qui a une dotation de 150 000 euros.
En 2009, l’ambassadeur de France en RDC, Pierre Jacquemot, lui a remis les insignes de la légion d’honneur.
En 2008, il a reçu le prix Olof Palme doté de 75 000 dollars américains qui récompense les personnalités dont l’action s’inscrit dans l’esprit de l’ancien Premier ministre suédois Olof Palme..
Sur Facebook, la mobilisation en faveur de l’engagement du Dr Mukwege s’est accentuée récemment. Une page a été créée pour plaider afin que le prix Nobel de la paix en 2013 soit décerné au chirurgien congolais.
Lire aussi sur radiookapi.net: