Disparu en juin dernier et réapparu à Kinshasa jeudi 11 octobre, l’opposant Eugène Diomi Ndongala accuse les services de sécurité congolais de l’avoir enlevé et détenu dans un lieu secret, avant de le déplacer deux fois. L’opposant congolais affirme avoir été interrogé au sujet des actions que mènerait le président de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Etienne Tshisekedi, en vue de conquérir le pouvoir.
Selon Eugène Diomi Ndongala, président du parti politique Démocratie chrétienne (DC), des inconnus l’ont enlevé, lui ont bandé les yeux et lui ont fait faire plusieurs fois le tour de la ville à bord d’un véhicule, avant de le conduire dans le sous-sol d’une maison.
« J’ai été enlevé sur la route qui mène vers le Camp Kokolo par cinq personnes dont trois étaient habillés en tenue de policiers et deux autres en tenue civile. Ils ont provoqué un petit accident avec mon véhicule. Quand je me suis arrêté, ils m’ont pris et m’ont embarqué », raconte-t-il.
Diomi Ndongala affirme qu’il a ensuite été conduit dans un autre lieu deux jours plus tard où il a subi un interrogatoire.
« Ils m’ont demandé quels militaires allaient nous aider pour prendre le pouvoir», explique-t-il, ajoutant n’avoir pas interrogé sur une histoire de viol.
« Cette histoire de viol est un prétexte que la police a trouvé pour salir ma personne », indique l’opposant que la justice recherche pour viol sur mineures.
« Une supercherie », selon le gouvernement
Pour le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, la disparition de Diomi Ndongala et sa réapparition relèvent d’une « supercherie par laquelle, il essaie de se sortir des ennuis avec la justice dans lesquels il se trouve ».
Rappelant que l’opposant est poursuivi pour le viol de deux mineures, il déclare que le président de la DC a échappé aux officiers de police chargés de l’arrêter, et « à la procédure de flagrance qui l’aurait conduit à être entendu séance tenante par la justice ».
Lambert Mende croit savoir que Diomi Ndongala a réapparu à la suite de « cette polémique entre le gouvernement congolais et le président français [au sujet de l’état de la démocratie et des droits de l’homme en RDC] pour essayer de politiser son affaire et donner l’impression que l’opposition est l’objet de persécution à travers sa personne ».
Pour le porte-parole du gouvernement, il ne s’agit pas de politique mais plutôt d’un fait de droit commun.
« Diomi Ndongala est présumé avoir violé des filles et la meilleure de choses pour lui, c’est de cesser de politiser cela et de se présenter devant ses juges », martèle-t-il.
Eugène Diomi Ndongala est l’un des principaux partisans d’Etienne Tshisekedi. Son parti s’est regroupé avec l’UDPS et d’autres partis de l’opposition, ainsi qu’avec certaines associations de la société civile, des autorités traditionnelles et des associations de jeunes pour former la Majorité présidentielle populaire (MPP), une plate-forme de soutien à Etienne Tshisekedi.
Ce dernier conteste toujours la réélection de Joseph Kabila et se considère comme le président élu de la RDC à la suite de la présidentielle du 28 novembre 2011.
Candidat aux législatives de novembre 2011, Diomi Ndongala avait été déclaré élu dans la circonscription de la Funa, à Kinshasa, mais avait annoncé que les députés élus sur la liste de son parti ne siégeraient pas à l’Assemblée nationale, conformément au mot d’ordre donné par Etienne Tshisekedi.
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