Kinshasa : la ville démolit le marché Djélo à Binza Delvaux

Démolition des maisons construites anarchiquement sur le site Mimosa le 22/06/2012 à Kinshasa, par la police. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Le gouvernement provincial de Kinshasa procède depuis mercredi 8 août à la démolition du marché Djélo, à Binza Delvaux, dans la commune de Ngaliema. Pour les autorités de ce marché, il est question de le moderniser. Cette démolition intervient après celles du marché Commette à Lingwala et des maisons encombrant la voie ferrée dans cette commune. Le député du PPRD Francis Kalombo s’est insurgé contre la procédure de la ville, la jugeant deshumanisante pour les victimes de ces démolitions.

Au marché de Binza Delvaux, dépôts, entrepôts et conteneurs disparaissent pour laisser la place à un tas de pierres et de ferrailles.

L’administrateur du marché affirme que les commerçants avaient été avisés deux mois plus tôt à propos de cette démolition.

« Après la réhabilitation, nous allons reclasser les gens, et nous allons créer des « shops » où placer les responsables des containers », a-t-il expliqué.

Selon lui, les activités pourront reprendre dans ce marché dans trois mois au maximum.

De leur côté, les commerçants décrient la procédure de la ville dans cette démolition.

« La ville aurait dû nous donner des préavis écrit et pas seulement nous le dire à l’oral comme ça a été fait », a affirmé l’un d’entre eux.

La destruction de ce marché entre dans le cadre du plan d’assainissement de la ville de Kinshasa enclenchée depuis quelques mois par le gouverneur André Kimbuta.

« Les Congolais méritent plus de considérations »

Quelques jours plus tôt, la ville a aussi démoli le marché Commette, situé dans la commune de Lingwala.

Prenant le parti des commerçants de ce marché, le député Francis Kalombo du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD), parti du chef de l’Etat Joseph Kabila, a décrié la procédure de démolition par la ville, arguant que les Congolais méritent plus de considération.

« Nous voulons qu’on rende la ville propre, mais que l’on traite aussi le Congolais humainement. On dirait que le ministre est amnésique. On se réveille un beau matin et on casse, sans s’interroger sur le sort de ces mamans qui n’ont que ça comme moyen de vivre et de soutenir leurs familles. Elles ne sont pas des clandestines, elles sont dans leur pays et paient des taxes. C’est grâce à ces taxes que les ministres mettent du carburant dans leurs véhicules et roulent carrosse », a-t-il affirmé.

Pour Francis Kalombo, l’Etat devrait prévoir une solution pour ces commerçants avant de procéder à la démolition de leurs commerces.

« Si l’Etat pense que cet espace n’et pas approprié pour un marché, je suis d’accord. Mais ce qu’on doit faire, c’est de trouver un espace où on doit le mettre. Mais au Congo, il y a un système : on casse d’abord, on met les gens en difficultés, et après, on dit on va vous trouver un espace. Mais après, on ne fait rien », a-t-il expliqué.

Francis Kalombo a conduit une délégation de ces commerçants auprès du président de l’Assemblée Nationale pour discuter de cette question.

Entretemps, à Lingwala, les commerçants ont repris tant bien que mal leurs activités sur les décombres du marché démoli.

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