Kinshasa : des escrocs détroussent les passants en se faisant passer pour des agents de sécurité

Des Kinois attendant des moyens de transport en commun sur le boulevard du 30 juin le 20/04/2012 à Kinshasa. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Un passant a été rançonné la semaine passée par un homme se faisant passer pour un agent de l’Agence nationale des renseignements. L’homme, qui avait d’abord tenté en vain de pousser sa victime à critiquer le pouvoir en place, lui a ensuite montré l’arme qu’il portait à la ceinture, avant de lui conseiller de ne jamais participer aux débats politiques dans la rue, de peur de tomber dans un piège. Le passant s’est tout de même vu détrousser ses 3 000 FC (3,33 USD).

Plusieurs autres témoignages rapportent cette nouvelle forme d’escroquerie à Kinshasa.

Il consiste à faire parler politique à des individus dans la rue ou dans les transports en commun, et ensuite de porter contre eux de fausses accusations, afin de les rançonner, parfois sous la menace d’armes à poing.

Une victime témoigne :

« Vers 18h30, j’ai croisé un monsieur en cours de route. Il m’a dit « Ici à Kinshasa, ils font de belles choses, mais le gens ne veulent pas les encourager. Selon toi, qui avait vraiment remporté les élections ici ? ». J’ai refusé de répondre, et j’ai poursuivi mon chemin. C’est alors qu’il a soulevé sa chemise et m’a montré un revolver. Il m’a dit : petit, qu’est ce que tu as dans ton sac. Je sais que c’est de l’argent. Donne-moi quatre casiers de bière. Mais sache que tu l’as échappé belle. J’étais contraint de lui donner les 3 000 FC que j’avais.»

Il m’a dit : « Nous sommes partout. Où que tu ailles, si quelqu’un parle de politique, n’ose rien dire. Je t’ai sauvé la vie. Tu serais parti très loin » ».

Selon d’autres témoins, ces bandits traquent notamment des passants qui portent des «talkie-walkie» et exigent de voir leur permis de port de ces appareils de communication. Au bout, ils exigent d’eux de l’argent avant de les laisser partir.

Le ministre de l’Intérieur et Sécurité, Richard Muyej, affirme avoir « enregistré quelques plaintes dans ce sens » et avoir instruit la police contre cette nouvelle forme de banditisme.

« C’est de l’escroquerie et nous prenons des dispositions pour mettre des éléments discrètement dans tous ces endroits de manière à tomber sur des cas de flagrance. Nous les arrêterons et nous les présenterons à la télévision et partout », a-t-il affirmé.

Richard Muyej invite notamment la population à dénoncer ces bandits.

« Si la victime se retrouve seule, il lui sera difficile de dénoncer, mais dans un bus, où il y a une dizaine ou une vingtaine de personnes, il faut crier pour que la personne soit maîtrisée », a-t-il dit.

Le ministre assure que ce réseau sera démantelé et en appelle à la vigilance et à la prudence de chacun.

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