Manono : des malades victimes de l'’incompétence des infirmiers et du sous-équipement des dispensaires

Des lits pour malades dans un dispensaire dans le territoire de Manono au Katanga. Ph. François-Xavier Mybe (Juin 2012)

Les trois structures sanitaires de la localité de Kanteba, dans le territoire de Manono, au Katanga, soignent des malades en état critique, qui devraient être transférés vers l’hôpital général de référence de Manono, malgré leurs infrastructures inadéquates et le manque de l’énergie électrique. Le médecin chef de zone de santé, Cruso Mbuyu, l’a indiqué, ce mercredi 20 juin, après une prospection de routine effectuée en début de semaine dans ces trois structures. 

Ces trois structures sanitaires mettent en péril la santé de la population de Kanteba évaluée à 18 600 habitants, a estimé Cruso Mbuyu. Il a reconnu que  la coordination difficile entre ces structures sanitaires privées et la zone de santé de Manono, notamment à cause du trafic d’influence, ne lui permet pas de mettre de l’ordre dans le secteur.

«Chacun doit faire son travail. Il y a des structures qui bourgeonnent comme des champignons, malheureusement cela semble se faire grâce à une certaine influence politique», a regretté le médecin chef de la zone de santé de Manono. “C’est la communauté qui en paie le prix“, a-t-il renchéri.

Les responsables des structures sanitaires privées profitent de la naïveté de la population, en majorité analphabète et de condition modeste, pour exercer leurs activités. Ces habitants sont obligés de payer 4 500 Francs congolais (environ 5 dollars américains) pour accéder aux soins de santé dans ces dispensaires.

Le seul hic est que ces dispensaires ne transfèrent que les cas de paludisme compliqués et prennent quand même en charge d’autres cas qui ne sont pas de leur compétence. L’un des responsables de ces dispensaires incriminés a affirmé:

« 90% des cas reçus sont au stade des complications. Nous transférons des cas de complications pour anémie et pour infections pulmonaires graves

Il a avoué qu’il a l’habitude de «transfuser les malades», un acte dont il aurait l’expérience depuis le temps où il exerçait à Lubumbashi.

Pourtant, à Kanteba, les conditions sont bien différentes. Il n’y a pas d’électricité et les dispensaires ne disposent pas de générateurs ; ce qui ne permet pas la conservation des produits et du sang dans de bonnes conditions.

Beaucoup de décès sont déclarés dans le secteur de Kanteba sans diagnostic médical exact, s’est inquiété le médecin chef de zone de santé de Manono. Récemment, les autorités civiles et sanitaires de la place ont eu du mal à reconnaitre une résurgence de l’épidémie de rougeole.

Le diagnostic de l’épidémie avait été posé à partir des corps conduits au cimetière local. Les responsables d’une de ces formations sanitaires privées ont admis qu’ils «traitent la symptomatologie de la rougeole».

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