Deux ans après le double assassinat des militants des droits de l’homme congolais Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, les organisations de défense des droits de l’homme réclament la tenue du procès en appel. A défaut d’obtenir ce procès, ils promettent de saisir les juridictions internationales « pour parvenir à une condamnation ferme des instigateurs de ce double assassinat ».
Quatre personnes ont été condamnées à la peine capitale au terme du procès de l’assassinat de Floribert Chebeya. Trois de huit policiers poursuivis dans cette affaire ont été acquittés.
Mais ce verdict rendu en juin 2011 n’a jamais satisfait les défenseurs des droits de l’homme qui estiment que les instigateurs de cet assassinat ne sont toujours pas connus.
A la fin du procès, les avocats des parties civiles avait notamment regretté que celui qu’ils considèrent comme le «suspect numéro un», le général John Numbi, qui était le chef de la police au moment des faits n’ait pas été inculpé mais seulement entendu comme témoin. Les organisations de défense de droits de l’homme avaient fait peser des lourds soupçons sur le général Numbi après que la veuve Chebeya avait dit à Radio Okapi que son défunt mari avait un rendez-vous avec le général dans les locaux de la police à la veille de la découverte de son corps sans vie.
« Nous sommes restés sur notre soif dans la mesure où il faudrait encore voir si ceux qui croupissent en prison sont les véritables instigateurs et auteurs de l’assassinat de Floribert Chebeya et de Fidèle Bazana », a déclaré à Radio Okapi, jeudi 31 mai, Sylvain Lumu, secrétaire exécutif de la Ligue des Electeurs, une ONG de défense des droits de l’homme.
Il a dit ne pas comprendre pourquoi le procès en appel tarde à être organisé, ajoutant qu’ils sont « en voie d’arriver à la conclusion que les juridictions congolaises sont inefficaces et inopérantes. »
« Nous avons suffisamment alimenté le dossier sur le plan international. Nous attendions qu’on nous administre la leçon que les juridictions congolaises sont inefficaces et inopérantes. Nous sommes en voie d’arriver à cette conclusion là », a-t-il poursuivi.
Sylvain Lumu a affirmé qu’à l’occasion de ce deuxième anniversaire de la mort de Chebeya et de Bazana, toutes les ONG des droits de l’homme congolaises allaient se mettre ensemble pour porter le dossier dans les instances judiciaires internationales comme le Conseil des droits de l’homme des Nations unies.
Le corps du directeur exécutif de la Voix des sans voix, Floribert Chebeya a été découvert dans sa voiture vers Mitendi, dans la périphérie ouest de Kinshasa le 2 juin 2010. Son collègue militant de droits de l’homme et chauffeur au sein de la VSV Fidèle Bazana, porté disparu en même temps que lui, a été reconnu mort par un jugement déclaratif du tribunal de grande instance de la Gombe. Son corps n’a jamais été retrouvé.
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