L’ONG Human rights watch (HRW) accuse le général Bosco Ntaganda d’avoir recruté de force cent quarante-neuf (149) enfants et jeunes hommes dans ses forces armées entre jeudi 19 avril et vendredi 4 mai dans les environs de Kilolirwe, de Kingi, de Kabati et d’autres localités sur la route de Kitchanga, dans le territoire de Masisi (Nord-Kivu). C’est ce qui ressort des conclusions de cette organisation internationale tirées d’entretiens avec des témoins et des victimes.
Dans son rapport, HRW estime entre trois cents (300) et six cents (600) soldats les troupes qui ont suivi BoscoNtaganda dans sa mutinerie. Ils auraient enrôlé des enfants et des jeunes hommes dont l’âge varie entre 12 à 20 ans.
Au moins quarante-huit (48) d’entre eux avaient moins de 18 ans, et dix-sept (17) moins de 15 ans. Ils appartiennent pour la plupart aux groupes ethniques tutsi et hutu, précise l’ONG.
Selon le témoignage d’une femme de Birambizo, à la mi-avril, Bosco Ntaganda et les forces sous son commandement ont fait savoir aux personnes vivant dans les villes et les villages sous leur contrôle qu’ils avaient besoin d’enfants et de jeunes hommes pour renforcer leurs effectifs.
« Il [Bosco Ntaganda] nous a dit que depuis que nous [villageois] soutenons le gouvernement, nous n’avons rien obtenu. Pourquoi ne pas nous joindre à lui ? », a affirmé cette femme.
« [Ntaganda] nous a demandé de lui confier nos enfants, nos élèves, pour combattre. Il est venu dans notre village lui-même, tout comme l’avait fait Nkunda [l’ancien chef rebelle arrêté]. Mais nous avons refusé en disant que nos enfants doivent aller à l’école », a-t-elle poursuivi.
Face au refus des villageois, les forces de Ntaganda ont enlevé les jours qui ont suivi des enfants à leur école, leur domicile, dans les fermes ou sur le bord des routes, alors qu’ils tentaient de s’enfuir à pied ou sur des taxis-motos, selon le rapport de HRW.
Près de Kingi, dans le territoire de Masisi, le 19 avril, les forces de Ntaganda ont capturé au moins 32 élèves - tous des garçons - de l’école secondaire de Mapendano, d’après les renseignements fournis par cette ONG.
Un élève de 17 ans a expliqué à HRW comment les hommes de Bosco Ntagand ont enlevé ces enfants :
« Ils [Les hommes de Ntaganda] étaient très nombreux. Ils sont arrivés à 13h30. La journée d’école était presque terminée. Ils nous ont demandé de sortir de la classe et nous ont emmenés derrière le bâtiment de l’école. Ils m’ont ligoté en liant mes mains avec une corde. On a tous été attachés. Ils nous ont conduits vers la colline… Ils nous ont dit que nous allions combattre pour Bosco [Ntaganda]… Ils nous ont expliqué que nous libérerions notre pays en apportant notre soutien à Bosco Ntaganda. Nous devions le soutenir afin que notre Congo ne soit pas pris par d’autres. »
Des enfants et jeunes hommes enrôlés ont rapidement reçu une formation militaire, et la plupart ont été immédiatement obligés de porter des armes et des munitions jusqu’à des postes en première ligne, renseigne HRW.
Un traité international ratifié par la RDC interdit le recrutement d’enfants de moins de 18 ans par des groupes armés. Selon le traité de la Cour pénale internationale (CPI), le recrutement d’enfants de moins de 15 ans constitue un crime de guerre.
Le procureur de la CPI a officiellement déposé lundi 14 mai une nouvelle demande de mandat d’arrêt contre Ntaganda sur les chefs d’accusation supplémentaires de crimes de guerre et crimes contre l’humanité pour meurtre, persécution fondée sur des motifs ethniques, viol, esclavage sexuel et pillage commis dans le cadre de ses activités en Ituri en 2002-2003.
« HRW estime qu’il est urgent d’arrêter le général renégat recherché par la Cour pénale internationale », a déclaré Anneke Van Woudenberg, chercheuse senior pour la division Afrique à HRW, précisant que « tant que Bosco Ntaganda sera en liberté, les enfants et les civils vivant dans l’est du Congo seront exposés à un risque sérieux pour leur sécurité. »
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