L’ONG Journaliste en danger (JED) se dit vivement préoccupée pour la sécurité d’une journaliste de Radio Okapi. Dans son communiqué de presse rendu public mardi 8 mai, elle indique que Gisèle Kaj, journaliste de la station de Goma de la radio onusienne subit des « graves menaces » de la part du gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku. Ce dernier dément toute menace à l’encontre d’un quelconque journaliste.
JED attire l’attention des autorités politiques, administratives et militaires de cette province sur leur responsabilité dans tout ce qui pourrait arriver de fâcheux à la journaliste de Radio Okapi.
« Nous nous réserverons le droit de tenir le présumé Julien Paluku pour responsable de tout ce qui pourrait arriver à Gisèle Kaj », a déclaré à Radio Okapi, son secrétaire général, Tshivis Tshivuadi.
La pomme de discorde
Tout a commencé par le reportage de Gisel Kaj diffusé le 30 avril dernier.
La journaliste a relevé le fait que des soldats mutins proches du général des Forces armées de la RDC, Bosco Ntaganda, contrôlaient depuis lundi 30 avril à l’aube plusieurs localités du territoire de Masisi dont Karuba.
Parmi ces localités, elle a cité :
- Muheto
- Mushaki
- Buku
- Kitshanga
- Bwiza
- Nyamitaba
- Kirolirwe
- Kabati
- Mukambi
- Murambi
- Misumbala
- Luhunga
- Mwesso
Cette situation a occasionné le déplacement de plus de 2 000 personnes vers le Rwanda, avait-elle ajouté.
Ces informations ont été confirmées par des notables de ce territoire et d’autres sources sur place ainsi que des organisations tant nationales qu’internationales.
Des informations que le gouverneur a niées le lendemain affirmant que les militaires déserteurs « y étaient déployés comme unités des FARDC. Et, lorsqu’à un moment donné, ils se considèrent comme appartenant à une aille quelconque, on ne peut pas dire qu’ils ont pris ces localités (…) C’est ça la vérité que je dois restaurer ».
Mécontent des faits rendus par Gisèle Kaj, Julien Paluku a accusé la journaliste de Radio Okapi d’avoir des accointances avec les mutins.
Selon le communiqué de JED, Julien Paluku a même invité le porte-parole de la Mission des nations unies pour la stabilisation de la RDC (Monusco)/Goma pour lui exprimer son indignation sur la manière dont ce reportage a été réalisé par Radio Okapi.
Dans sa plainte devant le porte-parole de la Monusco/Goma, le gouverneur Paluku accuserait Gisèle Kaj de « jubiler » à la prise de certaines localités du Nord-Kivu par les mutins.
Eviter d’autres assassinats
Face à cette situation, JED s’insurge contre l’atteinte à l’intégrité physique des journalistes dans cette province, qui pour elle a déjà enregistré plusieurs cas d’assassinat des journalistes.
« Vous savez que les régions de l’est sont instables. Par le passé nous avons déjà déploré le meurtre de deux journalistes de Radio Okapi dans cette province et nous ne voulons pas qu’on mette encore la vie d’un journaliste de cette radio en danger par des accusations calomnieuses ».
JED invite à cet effet les autorités congolaises et onusiennes à tout mettre en œuvre pour assurer la sécurité physique de la Journaliste Gisele Kaj dans une province en proie à la violence et à l’insécurité.
Pour sa part, le gouverneur du Nord-Kivu dit n’avoir menacé aucun journaliste.
« Je ne connais aucune menace. En bref, il n’y a aucun problème entre le gouverneur du Nord-Kivu et la Radio Okapi en particulier ni avec des journalistes », a-t-il dit.
La Monusco dit être saisie des informations relatives à la menace proférée contre la journaliste de Radio Okapi.
Son porte-parole, Madnodje Mounoubai, a affirmé que des discussions en cours pour la sécurité de Gisèle Kaj.
« Nous avons été saisis et nous avons entamé une procédure interne qui est déjà en marche pour essayer de rassembler le maximum d’informations. Nous sommes en contact avec les autorités provinciales de la province concernant cette question de l’intégrité physique de notre consœur. Les autorités locales restent attentives aux arguments que nous avons présentés et aux faits que nous avons relevés. Nous espérons que notre collègue ne sera pas insécuriser et que son intégrité physique ne sera pas mise en cause », a-t-il précisé.