Brazzaville: après les explosions, des centaines d’enfants séparés de leurs familles

Des rescapés tentent de récupérer quelques biens de valeurs le 5/3/2012 à Brazzaville, après les dégâts causés par l’incendie du camp militaire. Radio Okapi/ Ph. John Bompengo

Des centaines d’enfants se trouvent encore séparés de leurs familles après les explosions du dépôt de minutions survenues dimanche 4 mars dans le camp de régiment des blindés de Mpila à Brazzaville. Plusieurs enfants sont regroupés dans des sites spécifiques, tandis que d’autres ne donnent encore aucun signe de vie.

 

Larmes aux yeux, Gaston sillonne les abords du camp de Mpila dans l’espoir de retrouver son enfant de 7 ans. Il courre à sa recherche depuis dimanche, jour des explosions, et n’a jusque là reçu aucun renseignement sur lui. Dans ce quartier dévasté, où les survivants ont tous tenté de trouver un abri ailleurs, personne ne l’a vu.

Louise, la quarantaine révolue, est quant à elle inconsolable. Depuis son arrivée dimanche dans la cathédrale de Brazzaville, elle est sans nouvelles de ses deux filles âgées de 4 et 8 ans. Dans ce site, quelques 3 500 personnes passent la nuit à la belle étoile. De nombreuses familles s’y regroupent en l’absence de quelques enfants qu’on espère encore retrouver.

Une centaine d’entre eux sont regroupés à la radio télévision nationale. Cette dernière diffuse des communiqués à longueur des journées pour aider les parents à retrouver leurs enfants.

200 000 euros d’assistance humanitaire de l’Union européenne

Face à l’urgence suscitée par la catastrophe de Brazzaville, la commissaire européenne chargée de l’aide humanitaire et de la protection civile, Kristalina Georgieva en mission en République démocratique du Congo s’est rendue lundi à Brazzaville où elle a remis 200 mille euros à la Croix-Rouge de la République du Congo en vue de secourir les victimes.

Elle a visité le site de la catastrophe et les hôpitaux où sont internés les blessés.

Kristalina Georgieva témoigne :

« C’est effectivement une catastrophe très sévère avec plus de 150 personnes décédées et plus de 1 000 personnes qui ont besoin d’assistance médicale. J’ai rendu visite à un hôpital qui accueille plus de 350 personnes. J’ai aussi visité le site de l’explosion.

Nous avons directement autorisé l’utilisation de 200 000 euros pour assister les victimes. Nous avons envoyé un expert écologique pour contribuer à l’évaluation des besoins. Nous sommes prêts à mettre à disposition une autre équipe spéciale pour l’identification des autres risques qui persistent et décontaminer le site. »

Par ailleurs, plus de 200 congolais de la RDC vivant à Brazzaville ont regagné Kinshasa lundi après midi. Parmi eux, des blessés des explosions de dimanche. A leur arrivée au beach ngobila, ils ont été accueillis par le ministre des Affaires sociales et une équipe de la Croix Rouge de la RD Congo.

Séparer les bases militaires des camps militaires

L’incendie du dépôt de munitions de Mpila soulève la problématique de la sécurisation de ces dépôts et de la proximité des camps militaires et des quartiers habités. A Kinshasa, certaines garnisons sont placées en plein centre ville. Le cas notamment des camps Kabila, Kokolo, Tshatshi, Loano.

Pour Mohamed Bule, général de brigade à la retraite et vice-ministre honoraire de la défense, les bases militaires doivent être séparées des camps militaires. Mohamed Bule explique que les bases militaires ont une mission spécifique dans l’armée :

« La spécificité des bases militaires est de pouvoir garder en réserve de manière sécurisée tout ce qui concourt à répondre aux besoins des exercices tactiques, de manœuvre ou de combat. Donc, les bases militaires doivent être séparées des camps militaires et non être au même endroit comme nous le voyons actuellement.

Des études stratégiques au niveau du haut commandement existe mais il faut que le gouvernement mette des moyens et cherche des financements parce que la réforme des forces armées et du système de sécurité prend énormément de temps y compris pour les pays développés. »

Il invite donc le gouvernement de la RDC à mobiliser les fonds pour la construction des camps modernes.

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