La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a poursuivi jeudi 26 janvier la publication des résultats partiels des législatives du 28 novembre dernier. Quatre cent trente-deux députés sont déjà connus sur les cinq cents que va compter la prochaine Assemblée nationale. Pour le sénateur Henry-Thomas Lokondo, membre de la Majorité présidentielle (MP), cette publication des résultats des élections législatives renforce « la légitimité de l’Etat ».
«La légitimité de l’Etat se complète. Le chef de l’Etat avait déjà prêté serment. Il ne reste maintenant que la mise en place du parlement qui est l’institution la plus importante dans une démocratie », estime le sénateur.
De son côté, le député de l’opposition, Clément Kanku pense que cette publication se fait sur fond d’une « grande crise politique », expliquant que la Ceni n’a pas corrigé « les multiples irrégularités dénoncées par certains candidats ».
«Nous pensons que cette publication doit prendre en compte tous ces paramètres pour que les résultats annoncés ne soient pas, au finish, une patate chaude qu’on lancerait dans les mains du gouvernement», dit-il.
A qui la majorité ?
L’ancienne Alliance pour la majorité présidentielle (PPRD, Palu, MSR, ARC, Cofedec, Unadef, Unadec et CCU) compte déjà 128 députés. Les nouveaux partis signataires de la charte de la MP ont 74 sièges, portant à 202 le nombre de députés de cette plate forme. A ce nombre, il faudrait ajouter les députés fournis par les partis qui ont raflé un à quatre sièges.
Compte tenu de cette configuration, l’ancienne majorité risque d’être reconduite d’autant plus que la somme des députés de grands partis de l’opposition (UDPS, MLC, UNC, RCD-KML, UFC) atteint à peine 80 élus. Les indépendants sont au nombre de 16.
Analysant ces résultats, le sénateur Henry Thomas Lokondo indique :
«Ça sera la continuation du jeu de coalition qui va se faire. Quand il y a coalition il y a toujours une majorité qui se dégage. Même si elle n’est pas absolue, il y a un parti politique phare qui aura besoin des autres pour la paix sociale et politique. »
Clément Kanku déclare, de son côté, qu’avec les percées de certains partis, une nouvelle configuration politique plane à l’horizon. Il explique que certains partis influents en 2006 ont perdu plus de la moitié de leurs sièges ou ne se retrouvent même plus dans la configuration de la nouvelle assemblée.
«Il y aura certainement un repositionnement par rapport aux intérêts des uns et des autres mais nous croyons que la constance est une vertu cardinale pour nous acteurs politiques», affirme, en outre, le coordonnateur de l’Union pour la nation.
La Ceni ouvre une brèche
La Ceni a annoncé la publication des résultats restants dans les prochains jours. Il s’agit notamment des résultats de trois circonscriptions de Kinshasa ainsi que ceux de:
- Popokabaka (Bandundu)
- Kongolo (Katanga)
- Rutshuru (Nord-Kivu)
- Mbuji-Mayi (Kasaï-oriental)
Le Ceni compte, en outre, réorganiser les élections dans six circonscriptions électorales « affectées par des violences ». Il s’agit de :
- Kiri dans le Bandundu
- Ikela à l’Equateur
- Punia au Maniema
- Masisi au Nord-Kivu
- Kole et Lomela au Kasaï-Oriental
- Demba au Kasaï-Occidental
Le président de cette institution a proposé de recourir à la Cour suprême de justice (CSJ) pour trancher des cas d’irrégularités.
Pour le Professeur Félicien Kabamba de l’Université de Kinshasa (Unikin), réorganiser des élections dans certaines circonscriptions risque d’ouvrir une brèche.
« Cette ouverture de la Ceni donne la possibilité aux candidats malheureux de demander que cette reprise des élections puisse s’étendre aussi aux circonscriptions où ils estiment avoir été lésés », a-t-il expliqué.
Pour le recours à la Cour suprême, ce professeur se demande comment ce problème sera traité :
«Quand on sait qu’elle [la CSJ] n’est pas en dehors de la société congolaise et qu’elle n’est pas débarrassée de toute attitude corruptible. Nous y retrouvons les principaux maux de la société congolaise.»
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