RDC: les résultats de la présidentielle manquent de crédibilité, selon le Centre Carter

Une jeep de la Ceni incendiée la veille du jour du vote (28 novembre 2011) au soir emmenée dans un centre de compilation de Lubumbashi. Radio OkapiUne jeep de la Ceni incendiée la veille du jour du vote (28 novembre 2011) au soir emmenée dans un centre de compilation de Lubumbashi. Radio Okapi

Une jeep de la Ceni incendiée la veille du jour du vote (28 novembre 2011) au soir emmenée dans un centre de compilation de Lubumbashi. Radio Okapi

Dans une déclaration publiée samedi 10 décembre, la mission d’observation électorale du Centre Carter estime que les résultats de l’élection présidentielle, annoncés par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) la veille, manquent de crédibilité. Selon ces observateurs, la qualité et l’intégrité de la compilation des résultats ont varié «de la bonne application des procédures à des irrégularités graves».

Le Centre Carter note «une désorganisation dans la réception des plis» de résultats à Kinshasa et à Lubumbashi indiquant que 2 000 plis représentant 350 000 électeurs environ ont été perdus à Kinshasa en plus de 1 000 plis (représentant 500 000 électeurs) perdus à travers le pays.

Le rapport du Centre Carter indique que les résultats provisoires annoncés par la Ceni contiennent plusieurs données qui manquent de crédibilité. Dans la province du Katanga, par exemple, deux résultats sont particulièrement remarquables : le Centre local de compilation des résultats (CLCR) de Malemba Nkulu rapporte une participation de 99.46% avec 100% des voix (266.886) pour Joseph Kabila et moins de 0.5% de votes nuls.

Le territoire de Kabongo, poursuit le rapport, est similaire avec un fort taux de participation et pratiquement 100% des suffrages avec 227.885 voix pour Joseph Kabila et seulement 3 voix pour les autres candidats.

Par ailleurs, le rapport indique que l’examen des endroits où le candidat Etienne Tshisekedi a récolté un nombre de suffrages élevé ne relève pas la même coïncidence de récupération parfaite des données des bureaux de vote, ni de la participation extrêmement élevée.

Cependant, la déclaration de cette ONG ne remet pas en cause «l’ordre des résultats des candidats tel qu’annoncé par la Ceni».

Baya Kara du Centre Carter explique que le manque de crédibilité du processus de compilation ne remet pas en cause l’ordre de candidats à cause de l’écart de voix important entre eux.

Selon les résultats provisoires de la présidentielle publiés par la Ceni vendredi 9 décembre, le président sortant Joseph Kabila a été réélu avec 8.880.944 voix sur un total de 18.143.104 votants soit 48,95%, devançant Etienne Tshisekedi qui a recueilli 5.864.775 voix, soit 32,33%. L’écart entre les deux candidats est de 3.016.169 voix.

De son côté, le vice-président de la Ceni, Jacques Djoli, estime que le Centre Carter devait partager les éléments dont il disposait avant la publication des résultats provisoires  «de manière à ce que ça puisse peser dans les débats parfois internes que nous avions».

«C’est très bien de faire des analyses post-opératoires mais c’est aussi du devoir des uns et des autres de nous aider à mieux apprécier les événements lorsqu’ils se passent», indique-t-il.

Jacques Djoli affirme par ailleurs que la Ceni a approché les observateurs du Centre Carter déployés notamment au Katanga et à Kinshasa pour avoir « des éléments explicatifs de certains écarts, nous n’avons pas eu d’explications».

La mission d’observation du Centre Carter a été mise en place en RDC en août 2011 sur invitation de la Ceni. Elle était composée de soixante-dix observateurs issus de vingt-sept pays différents.

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