A quelques heures de la publication des résultats provisoires de la présidentielle du lundi 28 novembre, l’ambiance est morose dans certaines grandes villes de la RDC où des policiers et des militaires patrouillent en grand nombre. Les commerces n’ont pas ouvert à certains endroits. Les écoles n’ont plus. Dans plusieurs villes, les Congolais redoutent une escalade de violence après la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle.
A la place de la victoire (quartier Matonge), le long de l’avenue Kasa-Vubu au centre de Kinshasa, boutiques, quincailleries, et différents laboratoires de développement des photos n’ont pas ouvert leurs portes.
Le centre d’affaires de la capitale dela RDCétait quasi désert dans la matinée. Une timide reprise d’activités a été observée en fin de matinée. Pas d’affluence d’acheteurs non plus dans les magasins situés le long du boulevard du 30 juin qui ont ouvert aux heures habituelles.
Dans la commune de Barumbu, un des coins chauds de Kinshasa, un policier était déployé sur chaque avenue à partir d’Itaga jusqu’à l’avenue du Flambeau. Ces policiers ont quitté le quartier vers 9 heures (8heures GMT).
A Kintambo, des véhicules pleins de policiers sillonnaient les rues désertes. Vers 11 heures, la situation tendait à revenir à la normale. Dans la commune de Limete où se trouve la résidence de l’opposant Etienne Tshisekedi, le principal challenger de Joseph Kabila à la présidentielle, la police a dispersé des attroupements des jeunes gens à coup de gaz lacrymogène et des tirs de sommation entre la 10ème et la 12ème Rue.
Mbuji-Mayi: toutes les activités au ralenti
Au Kasaï-Oriental, les activités restent paralysées, ce mardi 6 décembre, sur l’ensemble de la ville de Mbuji-Mayi, une ville acquise à l’opposition. Boutiques, magasins et grands marchés n’avaient pas ouvert jusqu’à la mi-journée. Les parents n’ont pas envoyé leurs enfants à l’école.
Militaires et policiers patrouillent dans la ville depuis le matin. Les habitants sont soumis à une fouille systématique à toutes les entrées de la ville. De l’aéroport de Bipemba au rond-point de Dibindi, les forces de l’ordre ont érigé une dizaine de barrières pour contrôler les passants. Le dispositif policier et militaire mis en place depuis le week-end lors de l’instauration du couvre-feu dans la ville a été renforcé.
Les taxis motos n’ont été opérationnels qu’aux alentours de midi. La plupart des conducteurs sont restés chez eux. Les marchés de Dibindi et dela Muyan’ont pas ouvert. Les marchands, eux, commentaient l’actualité politique devant leurs étals vides le matin. Ambiance inhabituelle aussi dans les hôpitaux et les centres de santé qui ont reçu ce mardi moins de patients que d’habitude.
Lubumbashi: les écoles renvoient les élèves
Les activités ont aussi tourné au ralenti à Lubumbashi, capitale du Katanga (Sud-est dela RDC), ce mardi. Les rues sont restées désertes pendant plusieurs heures ce matin. Certaines écoles n’ont pas ouvert leurs portes. Les responsables d’un internat situé à une dizaine de kilomètres de Lubumbashi ont demandé aux parents d’élèves de récupérer leurs enfants.
Les messageries financières n’ont pas fonctionné. Les entreprises de télécommunication n’ont plus. Magasins, boutiques et marchés ont ouvert en fin de matinée.
Interrogés sur ce ralentissement d’activités, certains Lushois ont dit craindre pour leur sécurité. Le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi a effectué une tournée dans la ville pour rassurer ses administrés. Policiers et militaires sont postés dans tous les coins stratégiques de Lubumbashi. La police a même érigé des barrières sur la route Lubumbashi-Kipushi.
Kisangani: activités normales dans la ville
Dans plusieurs coins de Kisangani (Province Orientale), le spectacle est le même : policiers munis de gourdins, boucliers et casques. Ils sont surtout visibles àla Cadeco (Caisse d’épargne du Congo), l’ancien gouvernorat, au Congo Palace, et au siège de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).
Pourtant, contrairement à d’autres villes dela RDC, les activités fonctionnent normalement ici. Marchés et magasins sont ouverts depuis le matin et la circulation est intense. Mais par « précaution », certaines écoles ont renvoyé chez eux des élèves venus nombreux suivre les enseignements.
Quelques étudiants qui retournaient à leurs domiciles ont dit « avoir peur de ce qui peut arriver » et préfère attendre les résultats provisoires de la présidentielle chez eux. Des résultats que la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) doit publier ce mardi.