RDC: fin de campagne électorale tendue à Kinshasa

Un véhicule de Fardc passe avec des éléments de la PNC devant des partisans de l’UDPS  le 26/11/2011 le long du boulevard Lumumba à Kinshasa, lors de l’arrivé d’Etienne Tshisekedi en provenance du Bas-Congo. Radio okapi/ Ph. John BompengoUn véhicule de Fardc passe avec des éléments de la PNC devant des partisans de l’UDPS le 26/11/2011 le long du boulevard Lumumba à Kinshasa, lors de l’arrivé d’Etienne Tshisekedi en provenance du Bas-Congo. Radio okapi/ Ph. John Bompengo

Un véhicule de Fardc passe avec des éléments de la PNC devant des partisans de l’UDPS le 26/11/2011 le long du boulevard Lumumba à Kinshasa, lors de l’arrivé d’Etienne Tshisekedi en provenance du Bas-Congo. Radio okapi/ Ph. John Bompengo

La campagne électorale pour la présidentielle et les législatives du 28 novembre en RDC a pris fin, samedi 26 novembre, dans une atmosphère de tension entre les partisans du président Joseph Kabila, candidat à sa propre succession et ceux de l’opposant Etienne Tshisekedi. Ce dernier a été bloqué par la police à l’aéroport international de N’djili jusqu’aux environs de 23heures 30 locales pour l’empêcher de tenir son meeting de fin de campagne. Des échauffourées enregistrées dans la journée ont fait au moins un mort, selon la police. Une dizaine, selon l’UDPS, le parti d’Etienne Tshisekedi.

La journée a commencé dans une ambiance de sérénité relative. Vers 9 heures du matin, les partisans du PPRD, le parti présidentiel, et alliés se dirigent vers le stade des martyrs pour le dernier rassemblement électoral du candidat Kabila. Ceux de l’UDPS se regroupent à la place du cinquantenaire, située à une centaine de mètres du stade des martyrs où est prévu le dernier meeting du candidat Tshisekedi.

Les deux camps s’invectivent. La tension commence à monter, la police disperse les militants de l’UDPS à coup de gaz lacrymogène. Au même moment, d’autres militants de ce parti se dirigent vers l’aéroport de N’djili pour accueillir leur leader en provenance du Bas-Congo. Il devait être précédé à Kinshasa par le candidat Joseph Kabila, lui aussi, en campagne au Bas-Congo. L’ambiance est électrique dans la ville.

Certains Kinois ne se rendent pas à leur lieu de travail dans cette atmosphère de tension où l’on redoute une escalade de violence entre les camps rivaux.

Et la tension commence effectivement à monter. Sur le boulevard Sendwe à la hauteur de l’entrée du stade tata Raphaël une scène de jet de pierre se déroule entre les partisans du PPRD et ceux du candidat de l’UNC de Vital Kamerhe dont le meeting était prévu dans la matinée.

Affrontements

Peu avant midi, au niveau du pont Matete sur le boulevard qui mène à l’aéroport de N’djili, les militants de l’UDPS et ceux du Parti lumumbiste unifié qui soutiennent la candidature de Joseph Kabila, s’affrontent. De nombreux militants de deux camps sont blessés. Le secrétaire national du Palu chargé de la sécurité va déclarer un peu plus tard qu’« il y a eu plus au moins 53 personnes blessées dont un nombre important du Palu ».

A Kingasani, quartier populaire réputé acquis à la cause de l’opposition, d’autres échauffourées opposent les partisans de Tshisekedi à ceux de Kabila provoquant « la mort d’un homme tué par un jet de pierre à la tête », déclare le chef de la police de Kinshasa, le général Jean de Dieu Oleko à l’AFP.

En début d’après-midi, la décision du gouverneur de la ville de Kinshasa tombe. Tous les meetings prévus ce jour sont interdits pour «préserver l’ordre public et la paix sociale», affirme Thérèse Olenga, la porte-parole du gouvernement provincial.

Tshisekedi atterri à Ndolo

Alors qu’il était attendu à l’aéroport international de N’djli, l’avion de Tshisekedi atterri vers 14 heures à l’aéroport de N’dolo au centre de Kinshasa, visiblement sans qu’il en ait été informé à l’avance. Aussitôt, son convoi traverse la ville et se rend à l’aéroport de N’djili, à15 kmde N’dolo, où l’attendait ses militants.

« Nous allons au stade des Martyrs, c’est là que je vais tenir mon meeting », lance-t-il à ses partisans à l’aéroport de N’djili. Debout sur le toit ouvrant d’une Hummer rouge qui le conduit, Tshisekedi est empêché d’avancer par la police commandée par son commissaire général, Charles Bisengimana, quelques cent mètres après.

La police lance le gaz lacrymogène pour disperser la foule. Des tirs de sommation s’ensuivent. Des blessés sont enregistrés.  

Vers 20 heures commencent les tentatives de médiation. Celles du comité national de médiation du processus électoral et de l’adjoint du chef de la mission onusienne en RDC, Fidèle Sarrassoro échouent. Etienne Tshisekedi refuse de rentrer chez lui escorté par la police.

« Quand on arrive à des situations pareilles, c’est alors qu’on prend une position qui inspire confiance. Je suis agressé par la police de Kabila, je suis séquestré. La police de Kabila ne veut pas que je regagne ma maison. Et comme solution, la Monusco trouve qu’elle doit m’escorter. Ça veut dire quoi ? Elle trouve ça légal ce que Kabila fait », déclare Tshisekedi aux journalistes.  

Autour de 23 heures quart, les policiers munis de boucliers et gourdins s’avancent vers la Jeep d’Etienne Tshisekedi pour le forcer à rentrer chez lui après avoir dégagé le passage. C’est le début des accrochages entre la police, les militants de l’UDPS et la garde de Tshisekedi.

Dans cette cohue, son chauffeur qui refuse de conduire est passé à tabac. Un policier prend le volant. Etienne Tshisekedi est ramené de force chez lui à Limete autour de minuit. Selon des sources de l’UDPS, une dizaine de militants de ce parti ont été tués au cours de cette journée.

Ainsi prend fin la campagne électorale 2011 à Kinshasa.

Fichier audio : téléchargez Flash pour écouter.

Lire aussi sur radiookapi.net: