Les responsables des ONG de défense des droits de l’homme du Katanga réunis ce jeudi 3 juin à Lubumbashi doutent de la véracité de la version donnée sur les circonstances de la mort de Floribert Chebeya. Au lendemain de la découverte du corps de cet activiste des droits de l’homme dans la périphérie ouest de la ville de Kinshasa, des nombreuses réactions affluent pour condamner cette mort.
Le président de l’Association africaine pour la défense des droits de l’homme ASADHO/Katanga a estimé que la version officielle de la mort de Floribert Chebeya peut-être balayée par tout Congolais réfléchi.
Les responsables des ONG de défense des droits de l’homme projettent d’organiser une marche de protestation pour exprimer leur indignation contre la disparition de Chebeya.
A Kinshasa, le collectif des ONG de défense des droits de l’homme a demandé, ce jeudi 3 juin, au chef de l’Etat congolais de se prononcer sur la situation d’insécurité dont les activistes des droits de l’homme congolais sont victimes.
Dans sa déclaration, ce collectif encourage ses membres à rester sereins face à l’épreuve.
Assassinat
Une autre réaction vient de Kampala où se tient la conférence sur la révision du statut de Rome. Une vingtaine de représentants d’ONG congolaises et internationales de défense des droits de l’homme qui participent à ces assises ont demandé au ministre congolais de la Justice l’ouverture d’une enquête indépendante.
Dismas Kitenge de la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), a considéré que « Floribert Chebeya a été assassiné pour son engagement en faveur des droits de l’homme», rappelant que la victime avait été arrêtée en mars 2009 par les services de sécurité congolais.
Une réaction similaire provient des Forces novatrices pour l’union et la solidarité (FONUS). Ce parti de l’opposition pense qu’on se trouve en face d’un « cas d’assassinat qui rappelle les méthodes dictatoriales d’une époque récente.»
Les FONUS invitent les défenseurs des droits de l’homme à la solidarité pour barrer la route à « la terreur et aux intimidations.»
La Monuc, la France, la Belgique condamnent aussi
Dans un communiqué publié ce jeudi 3 juin, le représentant spécial de Ban Ki-Moon en RDC déclare avoir appris avec consternation la nouvelle de la mort de Chebeya.
Alan Doss demande aux autorités congolaises de diligenter une enquête pour que la lumière soit faite sur les circonstances de la morte de cet activiste «connu pour son engagement en faveur de la défense et de la promotion des droits de l’homme en RDC. »
Par ailleurs, la France a adressé ses condoléances à la famille, aux proches et aux collègues de Floribert Chebeya. Dans un communiqué du porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, la France a souhaité que les autorités congolaises fassent toute la lumière sur les circonstances de ce décès et prennent les mesures appropriées.
La France a rappelé l’importance qu’elle attache à l’action des défenseurs des droits de l’homme et à leur protection partout dans le monde.
Du coté de la Belgique, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Steven Vanackere, s’est dit «choqué» par l’annonce de la mort de Floribert Chebeya.
Dans un communiqué publié ce jeudi 3 juin, M. Vanackere ajoute qu’il a demandé à l’ambassadeur de Belgique à Kinshasa, Dominique Struye de Swielande, de « suivre de près cette affaire inquiétante et, en concertation avec ses collègues de l’Union européenne, se pencher sur la suite de cette affaire. »
Ce communiqué souligne aussi que les autorités belges ont interpellé l’ambassadeur de la République démocratique du Congo en Belgique, Henri Mova Sakanyi, le mercredi 2 juin, jour de la découverte du corps de Chebeya pour l’écouter sur cette affaire.