Quatre artistes-peintres, dont les visages étaient enduits de peinture rouge, ont été arrêtés vendredi à Goma, ville de l'est de la République démocratique du Congo, au moment où ils manifestaient contre les massacres à répétition à Beni et au Kasaï, a-t-on appris de sources concordantes.
Ces jeunes peintres portaient sur eux des croix portant des mentions "Kasaï" et "Beni" et s'étaient allongés sur le trottoir près d'un carrefour très fréquenté de Goma, capitale du Nord-Kivu, sans bouger, ni parler les yeux fermés comme des morts, attirant la curiosité de nombreux passants.
"Nous avons arrêté ces quatre artistes-peintres parce qu'ils manifestaient sur la place publique sans autorisation des autorités de la municipalité", a déclaré sous couvert de l'anonymat à l'AFP un officier de la police.
Au parquet, un magistrat a confirmé sous couvert de l'anonymat à l'AFP que "quatre artistes-peintres avaient été interrogés dans la journée par un magistrat parce qu'ils ont été arrêtés pendant qu'ils manifestaient illégalement, troublant l'ordre public".
Dans un communiqué, le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha) écrit que "l'action artistique et non violente de ces jeunes plasticiens se déroulait sur une place publique mais sans faire aucune obstruction à la circulation, quand la police a surgi, embarqué quatre des artistes, pour les emmener manu militari à la mairie de Goma".
Jusque-là, ces jeunes sont toujours détenus au parquet de grande instance de Goma.
La ville et le territoire de Beni sont situés dans le nord de la province troublée du Nord-Kivu. Depuis octobre 2014, plusieurs centaines des personnes y ont été tuées dans une série de massacres attribués aux Forces démocratiques alliées (ADF), une rébellion musulmane ougandaise présente en RDC.
Dans le centre de la RDC, le Grand Kasaï est en proie à des violences entre une rébellion et les forces de sécurité ayant causé la mort d'au moins 3.000 personnes, selon l’Église catholique. L'ONU parle de 42 fosses communes.
En septembre 2016, les autorités de plusieurs provinces de RDC, notamment du Nord-Kivu, avaient officiellement interdit toute manifestation publique à caractère politique. Cette mesure n'a jamais été levée.
Avec AFP