L’envoyé spécial des Etats-Unis dans la région des Grands lacs, Tom Perriello, affirme que son pays fait confiance aux évêques pour trouver un consensus entre les acteurs politiques pour la gestion du pays après le 19 décembre, date de la fin du deuxième mandat constitutionnel du président Kabila. Ce dernier a confié aux évêques catholiques une mission de bons offices auprès des acteurs politiques et sociaux pour aplanir leurs divergences au sujet de l’après 19 décembre. Certaines personnalités et organisations redoutent des violences si un accord n’est pas trouvé. Radio Okapi a interrogé Tom Perriello sur la médiation des évêques catholiques, la fin du mandat présidentiel ainsi que les sanctions américaines contre des hauts responsables congolais. Entretien.
Radio Okapi : Les Etats-Unis soutiennent les efforts de la CENCO pour un consensus large entre acteurs politiques sur la gestion du pays après le 19 décembre. Continuez-vous à croire en un tel consensus avant la fin du mandat du président Kabila ?
Tom Perriello : Les Etats-Unis font pleinement confiance à la CENCO. Et nous croyons qu’un large consensus peut-être atteint et sera atteint d’ici le 19 décembre pour que les choses se passent de manière pacifique. Nous sommes très heureux d’avoir la confirmation de la Majorité et du Rassemblement [de l’opposition] de pleinement collaborer avec le processus enclenché par la CENCO.
Radio Okapi: Vendredi dernier, la Majorité présidentielle affirmait que la CENCO a échoué dans cette démarche de rechercher l’inclusivité. Pensez-vous qu’il y a encore une chance pour éviter le chaos à la RDC ?
Tom Perriello: Nous étions très déçus par le communiqué que nous avons reçu de la Majorité présidentielle. Mais la nuit dernière, nous étions heureux d’avoir le communiqué de la présidence renouvelant la confiance en la CENCO et lui demandant de poursuivre. Nous n’avons plus qu’une semaine d’ici le 19 décembre pour pouvoir parvenir à un accord et trouver la voie à suivre pour le respect de l’esprit de la constitution. Nous savons fort bien combien les évêques catholiques sont respectés à travers le pays non seulement par l’Eglise catholique mais par toutes les autres confessions et l’ensemble du peuple congolais. Nous espérons que les acteurs politiques feront la même chose.
Radio Okapi: La CENCO plaide pour des négociations directes entre les deux parties alors que le Rassemblement appelle à un tête-à-tête [Kabila-Tshisekedi]. A votre avis, quelle est la meilleure solution à la crise ?
Tom Perriello: Nous ne voulons pas nous focaliser sur un seul schéma figé mais nous croyons à tout un éventail de solutions et de possibilités incluant également d’autres acteurs comme la société civile. Le temps fait défaut. Nous n’en avons pas assez. Il est nécessaire de parer au plus pressé, de ne pas voir seulement la rencontre entre les deux personnes mais l’implication de toute la classe politique congolaise. Nous voulons féliciter le président Kabila pour avoir confié la mission à la CENCO de pouvoir gérer ce processus. Nous sommes aussi heureux plus particulièrement pour la déclaration qui a été faite la nuit dernière renouvelant la confiance en la CENCO. Nous félicitons également le Rassemblement pour avoir fait montre de souplesse et pour avoir utilisé des solutions créatives, imaginatives.
Radio Okapi: Votre pays, les Etats-Unis, a demandé à ses ressortissants de quitter la RDC avant le 19 décembre. Avez-vous des indicateurs clairs de préparation d’un conflit armé ?
Tom Perriello: Tout le monde qui observe la situation en RDC comprend qu’il y a des risques de problèmes, de tension, de guerre civile et de protestation. Nous étions particulièrement attristés par les événements du 19 au 21 septembre. Nous espérons qu’un consensus sera rapidement trouvé pour éviter cela.
Radio Okapi: L’administration américaine a sanctionné certains officiers de la police et de l’armée congolaise alors que la crise en RDC est plutôt politique. Ces sanctions sont-elles efficaces ?
Tom Perriello: Nous sommes confiants que des sanctions ciblées contre des personnes qui commettent des actes de répression à outrance ont toujours été effectives. C’est notre conviction au niveau des Etats-Unis et de l’Union européenne. Ces sanctions peuvent aller au-delà du secteur de sécurité pour toucher les acteurs politiques qui sont en train de mettre en mal le processus de démocratisation. Nous ne savons pas vous dire quelle sera l’issue exacte du processus. Tout cela est à déterminer par les Congolais eux-mêmes. Mais nous pensons que les Congolais doivent avoir le droit de s’exprimer librement, d’avoir accès aux médias, de se rassembler sans inquiétude.
Radio Okapi: Certaines sources signalent la présence des marines américaines sur le sol congolais. Si cela est vrai, dans quel cadre sont-ils ici ? Quelle est leur mission ?
Tom Perriello: Par rapport à cette question, je vous demanderai de parler avec l’ambassadeur américain en RDC.
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Propos recueillis par Michel Kifinda Ngoy.