« La ville de Kinshasa ne doit pas rembourser 50 millions des dollars américains à plusieurs banques basées en RDC et à ses fournisseurs mais elle bénéficie plutôt des facilités des caisses auprès des banques commerciales basées à Kinshasa », a déclaré le ministre provincial des Finances, Economie et Commerce de la ville de Kinshasa, Guy Matondo, au cours de l’émission Dialogue entre Congolais de mercredi sur Radio Okapi.
Une enquête de Radio Okapi avait établi que la ville de Kinshasa a recours aux emprunts qui s’élèvent actuellement à environ 50 millions des dollars américains pour faire face à ses besoins. Pour cela, l’exécutif provincial a mis en gage pour une longue période des recettes provenant des secteurs brassicole, tabacicole et sucrier perçues par la DGRK.
A en croire Guy Matondo, il ne s’agit pas d’emprunts mais plutôt « des facilités des caisses » dont jouit la ville parce qu’elle est crédible, selon lui.
« Lorsque j’ai une recette qui va me donner 10 000 Francs congolais (FC) et qu’ensuite que les 10 000FC, je les aurais dans six mois. Et que j’ai un projet de 6000FC que je dois réaliser dans trois mois, je vais voir une banque. Je dis à cette banque voilà, cet acte ici me rapporte dans les six mois 10 000 FC. Mais j’ai urgemment besoin de 6 000 FC pour un projet ou un investissement. La banque finance l’investissement et dans les six mois, elle se fait payer à travers les recettes de cet acte. C’est ce que j’appelle une facilité de caisse», explique Guy Matondo pour qui « ce système ne peut occasionner une dette de 50 millions de dollars».
Il affirme par ailleurs que la ville de Kinshasa peine à mobiliser 3 millions des dollars américains par mois à cause de la faible mobilisation des recettes au niveau de sa régie financière, la DGRK.
«Et lorsque vous avez des capacités de mobilisation de recettes de deux à trois millions, comment on peut s’endetter jusqu’à 50 millions», s’interroge-t-il.
Pas des comptes litigieux, mais plutôt des comptes transitoires
Pour sa part, l'expert en communication auprès du ministère provincial des Finances, Serge Nseka, a reconnu l’existence de plusieurs comptes de la ville de Kinshasa logés dans des banques commerciales kinoises.
Mais il ne s’agit pas des comptes litigieux, a précisé Serge Nseka. Selon lui, ces comptes sont créés au besoin par la ville pour faciliter la perception des impôts et taxes.
«On doit par exemple recouvrer l’impôt foncier. Les kinois ont perdu l’habitude des impôts. Il faut avoir des structures, des banques proches de la population pour leur permettre de s’acquitter de leurs devoirs fiscaux. Et pour cela, la ville doit créer un compte pour cet acte», explique Serge Nseka avant de préciser que ces comptes sont cependant « transitoires ». Ils disparaissent une fois l’opération bouclée, a-t-il révélé.
De son côté, le ministre Guy Matondo a souligné que ces comptes servent également à donner les indications aux contribuables sur les recettes que génère un acte donné de la ville.
La rareté de la rétrocession mise en cause dans le paiement des agents
La ville-province de Kinshasa peine également à payer les salaires des agents et cadres y compris ses députés et ministres provinciaux.
Le ministre Guy Matondo met pour cela en cause la rareté de la rétrocession que le gouvernement central doit à la ville de Kinshasa. Selon lui, la rétrocession représente 80% du budget de la ville. Et malheureusement, ce fonds n’arrive que rarement. Ce qui pousse la ville à ne compter que sur son fonds propres qui ne représente que 20% de son budget global.
« Et nous nous retrouvons avec des dépenses contraignantes et obligatoires : la paie des fonctionnaires, la paie du personnel politique, l’assainissement, la sécurité, les investissements qui représentent parfois 30 à 35% du budget global », a fait remarquer Guy Matondo, ajoutant que lorsque les 80% du budget provenant du gouvernement ne sont pas libérés, ce sont les 20% qui prennent en charge toutes les dépenses contraignantes.
Un tableau qui illustre selon lui les difficultés auxquelles fait face chaque mois la ville de Kinshasa.
Pour Guy Matongo, le budget de la ville de Kinshasa contient les germes de son échec parce qu’il dépend à 80% de la rétrocession.