Mme Ramazani Wazuri, la juge du Tribunal de paix de Lubumbashi Kamalondo qui a condamné l’ancien gouverneur du Katanga, dit avoir subi des menaces. Dans une lettre qu’elle aurait signée, datant du 23 juillet dernier, elle demande que ce jugement soit annulé. Moise Katumbi a écopé de trois ans de prison dans l’affaire de spoliation immobilière qui l’oppose à un sujet grec, Alexandros Stoupis. De son côté, le premier président de la Cour d’appel de Lubumbashi, Paulin Ilunga, affirme que cette lettre est fausse.
Cette lettre adressée au ministre de la Justice et des Droits humains, ressemble à un mea culpa, basé sur trois principes, à en croire son auteur:
- L’amour de son pays
- Le respect de la justice comme socle d’un Etat de droit et son indépendance comme juge.
- La crainte de la justice divine.
Partant de ces principes, Ramazani Wazuri affirme dans la lettre qui lui est attribuée qu’elle ne peut se résoudre à voir un innocent condamné illégalement.
Selon la juge, la décision de condamner Moïse Katumbi était « une œuvre de la haute hiérarchie ».
Pour apposer sa signature, elle affirme, dans cette lettre, avoir subi des menaces physiques et morales.
Ramazani Wazuri avoue ce qui suit : « j'ai été menacée de révocation et d'emprisonnement », avant de continuer : « sur instruction de la hiérarchie, le fond de la cause n'a jamais été examiné juridiquement ».
Elle confesse tout d’abord que le fond de l’affaire Moise Katumbi contre Alexandros Stoupis sur la spoliation immobilière, avait un seul but d’obtenir l’inéligibilité de cet ancien gouverneur du Katanga.
Ramazani Wazuri indique que le jugement était l’œuvre des autorités de la haute hiérarchie.
A l’heure actuelle, personne ne sait où se trouve la juge.
«Fausse lettre»
De son côté, le premier président de la Cour d’appel de Lubumbashi, Paulin Ilunga, affirme que le tribunal de grande instance de Lubumbashi n’a enregistré aucune correspondance venant de Mme Ramazani Wazuri et adressée à la hiérarchie:
«Il y a une lettre qui lui est attribuée. Moi, je ne sais pas en attester l’authenticité. On nous a dit que nous avons reçu une copie de cette lettre. Mais, que ce soit du président du tribunal de grande instance ou à mon niveau, nous n’avons reçu aucune correspondance. Tout ce que vous entendez là sont des racontars.»
Non seulement la juge n’a subi aucune pression, a-t-il poursuivi, mais elle fait aussi l’objet d’une enquête judiciaire pour s’être rendue sans autorisation à Kinshasa le 22 juillet dernier.
«Tout ce que je sais est que j’ai indiqué dans mon communiqué de presse le vendredi 22 juillet qu’elle a pris son avion pour Kinshasa et depuis lors, elle n’est pas arrivée au bureau», a indiqué Paulin Ilunga.
D’après lui, une enquête a été menée après le prononcé du jugement, condamnant M. Katumbi à trois ans de prison dans l’affaire de spoliation immobilière qui l’oppose à un sujet grec, Alexandros Stoupis, pour vérifier sa régularité.
Paulin Ilunga révèle que la juge concernée avait même sollicité la protection de l’Etat après le prononcé de ce jugement:
«Quand vous dites que la présidente dit qu’elle a subi des pressions alors qu’à l’époque, au cours de l’enquête que nous avons faite pour vérifier si la décision avait été prononcée régulièrement, elle n’avait jamais fait état de cette information. Au contraire, après le prononcé de cette décision, elle a demandé la protection de l’Etat. Vous pensez qu’on va faire pression sur elle et faire la protection sur elle ? C’est contradictoire tout ça !»