Après l’annonce du président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) au sujet du recours qu’il compte déposer devant la Cour constitutionnelle pour obtenir « une petite extension » afin d’organiser l’élection présidentielle, une coalition des 33 ONG lui demande de se conformer à la constitution.
Dans une déclaration faite samedi 19 mars à Kinshasa, le coordonnateur de cette coalition, Me Georges Kapiamba, a estimé que la commission électorale n’était pas habilitée à saisir la Cour constitutionnelle.
« En ce qui concerne la saisine même de la cour constitutionnelle, ils savent très bien que la Ceni en tant qu’institution, n’a aucune qualité de le faire. Elle l’a fait l’année passée de manière qui a scandalisé tout le monde, mais ils savent que la cour s’était déclarée incompétente, avait déclaré leurs requêtes irrecevables » a argumenté Georges Kapiamba, évoquant la requête de la Ceni introduite devant la Cour constitutionnelle au sujet de l’élection des gouverneurs.
A l’en croire, cette cour n’a aucune compétence pour prolonger le délai des élections prévues dans la constitution.
La coalition des 33 ONG recommande à la Ceni de prendre des dispositions pour organiser l’enrôlement de nouveaux majeurs dans les six prochains mois afin de pouvoir organiser le prochaines élections dans le délai.
« Coup d’état constitutionnel »
Le député de l’opposition et membre du G7, Christophe Lutundula désapprouve également la démarche de la Ceni.
Le président de l'Alliance des démocrates pour le progrès (ADP) voit dans l’annonce du président de la Ceni « la mise en œuvre du point ultime de la stratégie de coup d’état constitutionnel mise en place par la majorité au pouvoir ».
L’opposant accuse la Ceni de jouer le jeu du pouvoir en devenant sa caisse de résonnance.
« La majorité présidentielle nous a déjà annoncé cela, et voilà qu’aujourd’hui, la Ceni qui est sa caisse de résonance et son bras séculier vient de matérialiser cette annonce », affirme-t-il.
Christophe Lutundula dénie à la Ceni le droit de saisir la Cour constitutionnelle, estimant que cette démarche est contraire « à l’esprit et à la lettre de la constitution ».
Dans un entretien accordé à la Voix de l’Amérique, le président de la Ceni a fait savoir que « des contraintes techniques » ne permettaient pas d’organiser les élections dans le délai constitutionnel.
Le deuxième et dernier mandat de l’actuel chef de l’Etat congolais Joseph Kabila s’achève en décembre prochain. Dans le calendrier électoral publié l’année passée, la Ceni avait prévu d’organiser l’élection du nouveau président le 27 novembre 2016.